Tu ne tueras point. Parce que le crime ne paye toujours pas… enfin ça dépend pour qui.
par Robert Laplante
Hey qu’on
aime ça les faits divers judiciaires. Il n’y a pas à dire, ça plait énormément
les faits divers. Que ce soit près d’un feu de camp ou d’un foyer, dans les
journaux, dans les livres, dans les bandes dessinées, au cinéma, à la télé et à
la radio on aime en raconter, en écouter et en lire. Même la musique n’y est
pas insensible. Alors est-ce que le crime rapporte des sous ? Manifestement oui !
Christophe
Hondelatte est un de ceux qui en ont fait leur spécialité. On se rappelle de son
émission télé: Faites entrer l'accusé,
qu’on peut encore regarder sur la chaine de télé de Planète + Canada ainsi que de
sa quotidienne radiophonique, Christophe Hondelatte raconte sur les
ondes d’Europe 1 depuis 2016
Journaliste
judiciaire talentueux, Hondelatte décortique et analyse les différents faits
divers qui ont marqué l’imaginaire français. Véritable limier, il reconstitue
méticuleusement l’enquête judiciaire et ne néglige aucune piste.
Après la
télé et la radio il décide maintenant de s’impliquer dans le petit monde de la
bande dessinée avec : Tu ne tueras point. Et pour son passage à la
bande dessinée, Hondelatte a pu compter sur les talentueux Jean-Louis Tripp et
Cyril Doisneau qui ont eu la difficile tâche de mettre sur papier une douzaine
des histoires traitées par ses émissions radiophoniques.
Difficile
tâche parce que la bande dessinée est un média d’émotions ce qui est le moins
le cas d’une enquête policière. Et comme elle doit se coller sur le ton et la
méthode Hondelatte, elle propose une vision plus clinique, plus froide des
différentes enquêtes choisies. Exit la scénarisation dramatique, exit les
explorations psychologiques, exit les super limiers qui ont réponse à tout et
qui résistent aux pressions populaires, journalistiques et administratives,
exit les coupables retors, arrogants, qu’on aime tant détester.
À ces ressorts dramatiques Hondelatte, Tripp et Doisneau préfèrent les faits. The facts, Ma’am, just the facts comme disait le Joe Friday de Dragnet
Même si
ça implique de mettre les projecteurs sur certaines incohérences policières. Après
tout, la vision en tunnel peut amener les inspecteurs, même les plus
talentueux, à faire des erreurs. Même si ça implique des hésitations, des
erreurs et des coupables qui s’en sortent. C’est la réalité des enquêtes
policières. Avec : Tu ne tueras point on est loin, très loin même,
des C.S.I, Columbo, Law and Order, Balthazar et
autres profilage où tout semble si facile.
Difficile
tâche parce que les deux bédéistes doivent se mettre totalement au service des
enquêtes de Hondelatte, quitte à taire en partie leur personnalité. C’est le
prix à payer pour respecter sa signature et sa couleur.
J’avoue être
resté sur ma faim en lisant ces petites histoires. J’ai regretté l’absence de
ressorts dramatiques, de psychologie, de punchs cinématographiques et
romanesques, d’émotions. J’aurais aimé qu’on donne plus de latitude aux
bédéistes, qu’on leur laisse explorer toutes les facettes de ces enquêtes
méticuleuses et passionnantes, qu’on gomme moins leurs caractéristiques. C’est
dommage parce, que lorsque on la chance de travailler avec des auteurs comme
Tripp et Doisneau ont doit leur laisser les coudées franches.
Tu ne
tueras point, est
une bande dessinée honnête, une bonne petite bédé qui aurait pu être tellement
plus. Tellement plus que cette « novelization BD » des émissions de Hondelatte.
Mais bon, ce n’était peut-être pas son but non plus.
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