Alix Senator : Sur la piste du continent perdu.

                                                                    

Par Robert Laplante

La première fois que j’ai entendu parler de l’Atlantide, j’étais encore un gamin. J’en avais entendu parler grâce au film Voyage au centre de la terre, réalisé par Henri Levin en 1959. Adapté du roman éponyme de Jules Verne, le long-métrage mettait en vedette James Mason, le canard Gertrud et l’improbable Pat Boone, idole proprette et inoffensive de la jeunesse américaine blanche et conservatrice et chanteur de Speedy Gonzalez.

                                              

Depuis, j’ai toujours gardé une fascination pour cette île évoquée par Platon dans deux de ses Dialogues, le Timée et le Critias. Je ne suis pas le seul qui ait cédé aux charmes de ses mystères. DC et Marvel l’ont aussi fait puisqu’ils en ont fait la patrie d’Aquaman pour DC et de Namor pour Marvel.

Alix, le célèbre Gaulois s’y est aussi intéressé. Enfin pas celui de Jacques Martin, mais plutôt celui de Valérie Mangin et de Thierry Démarez. Ça vous surprend? Ce n’est pas parce qu’il est maintenant sénateur qu’il résiste à l’appel de l’aventure. Au contraire! Qui a dit que l’aventure n’était que pour les jeunes gens ?

De retour en Égypte, après son séjour à Khorsabad, Alix apprend que le remède qui pourrait guérir son compagnon de route Enak se trouverait dans les ruines de l’Atlantide, quelque part sur le chemin des sources du Nil. Incapable de laisser passer cette chance, le sénateur plonge dans l’aventure. Après tout, sauver son ami et découvrir une île que personne n’a jamais vue, ça ne se refuse pas. Surtout quand on s’appelle Alix.

                                         

Premier tome d’un diptyque consacré à cette île mythique: Le disque d’Osiris la toute nouvelle aventure d’Alix Senator, est une sacrée bonne bande dessinée. Il faut dire qu’elle a tout pour plaire à un amateur de bandes dessinées et à un aficionado d’Alix.

                                     

On y retrouve bien sûr la même rigueur historique et le même respect du passé qu’avait Jacques Martin. Les relations tendues et compliquées entre l’Égypte et le royaume de Koush, le Soudan actuel, et entre Rome et un peu tous les peuples de la région sont particulièrement bien racontées. Mais en plus il y a un petit parfum d’ésotérisme, de mystère et de fantastique plutôt séduisant. Les deux auteurs ont trouvé une recette qui fait le charme de ce nouvel opus.

Entendons-nous bien, j’aime beaucoup la série Alix Senator. Mais j’avoue que cette nouvelle aventure m’a séduit dès les premières pages. En parcourant ses pages, j’ai renoué avec le plaisir et l’enthousiasme que j’avais enfant, quand je regardais Oliver Lindenbrook, Alec McEwen, Hans Belker et Carla Goetaborg découvrir les vestiges de l’Atlantide au centre de la Terre.

Alors que je trouvais le fantastique moins bien intégré dans les Alix de Jacques Martin, il est parfait dans cette nouvelle mouture du Gaulois. Valérie Mangin le dissémine avec intelligence et discrétion tout au long de son excellent scénario.

Avec le résultat qu’elle nous guide subtilement vers son Atlantide, faisant tomber au passage, sans qu’on s’en aperçoive, notre incrédulité de façade. Exactement comme son Alix qui sans le dire ouvertement aimerait bien y croire. Si cela était vrai…

La quête de l’Atlantide permet à l’autrice et à son fabuleux dessinateur de concocter une histoire pleine de rebondissements, de suspense et d’informations historiques et archéologiques particulièrement réussie et efficace. J’ai déjà hâte à la suite.

                                        

Manifestement une bande dessinée que je vais relire avec plaisir. Ce qui ne sera peut-être pas le cas avec Le voyage au centre de la Terre d’Henri Levin, qui a surement mal vieilli. Il y a des souvenirs d’enfance qui doivent rester enfouis très loin dans notre mémoire et ne ressortir que sous la forme de fugaces impressions indéfinies.

Valérie Mangin, Thierry Démarez d’après Jacques Martin, Alix Senator, Le disque d’Osiris. Casterman.