Bob Denard; le dernier corsaire de la France.

 

                                                             


Par Robert Laplante

Il n’y a pas à dire Robert Denard Est insaisissable. Mystérieux soldat de fortune pour certains, baroudeur romantique pour d’autres, monstre sanguinaire pour plusieurs .14 ans après sa mort, toujours aussi énigmatique. Qui est-il vraiment? Peut-être tout cela ? Il est comme un serpent, il nous glisse toujours entre les mains.

Si on a de la difficulté à saisir Bob Denard, il y a une chose qu’on sait. C’est qu’il est différent des portraits qu’en ont fait les médias français et le site Internet, que lui ont consacré ses anciens frères d’armes, Orbes Patria Nostra. Et c’est surement cet énigmatique Denard, loin de cette image d’un infréquentable mercenaire fantasque, qui a nourri Bob Denard, le dernier mercenaire l’excellente biographie dessinée signée Olivier Jouvray et Lilas Cognet.

Moins connu de ce côté-ci de l’Atlantique Robert Denard était un mercenaire français. On l’a vu dans de nombreux conflits postcoloniaux, au Yémen, en Iran, au Nigeria, au Bénin, au Gabon, en Angola, au Cabinda, au Zaïre, au Katanga et aux Comores.

Mercenaire oui, mais peut-être aussi un peu corsaire, comme il aimait se définir, puisqu’il avait souvent la bénédiction des services secrets français. Ces derniers l’utilisaient régulièrement pour faire le sale boulot, les opérations noires quoi! Exactement comme la bande de Sylvester Stallone dans les trois volets de The Expendable.

Bob Denard, le dernier mercenaire est une plongée dans l’inconscient d’un homme plus grand que nature, fait d’un bloc, une imposante armoire à glace vestige d’une autre époque, celle de la guerre froide et de la décolonisation.

Sous forme d’un dialogue entre la mort et lui, Denard raconte ses missions, froidement, sans complaisance, avec l’assurance arrogante de celui qui est sûr d’être du bon côté de l’histoire. Une confession d’une franchise désarmante qui pourrait nous sembler naïve si on ne sentait pas son besoin viscéral de laisser une trace dans l’histoire et de nourrir sa légende.

                                            


Pour raconter son Bob Denard, Jouvray a trouvé la partenaire parfaite en Lilas Cognet. Avec son trait presque poétique, qui m’a fait penser aux danses macabres du XVe et au XVIe siècle, elle illustre avec brio cette vie où légende et réalité se fusionnent.

La mort et Denard s’offrent un tango infernal au parfum des décisions les plus opaques et les plus inavouables de la politique étrangère française. Celles prises dans les officines sombres du pouvoir par des hommes de l’ombre aussi efficaces qu’anonymes. Une valse démoniaque qui vibre au rythme de l’humour cynique de Jouvray qui n’est pas sans rappeler celui d’Andrew Nicol dans son film Lord of war.


                                             


Est-ce que Jouvray a décrit le véritable Bob Denard ? Je ne pourrais pas vous le dire et à la limite ce n’est pas important. Son excellente bande dessinée parle de son Bob Denard, celui qu’il a imaginé à force de fouiller méticuleusement sa vie.

                                       


Est-ce qu’on pourra un jour départager le mythe de la légende? Pour ça il faudrait le demander à Bob Denard… Ou à la mort elle-même. J’y penserai quand je les rencontrerai. Mais ça risque de prendre du temps puisque je n’ai pas l’intention de les rencontrer avant un bon bout de temps.

Olivier Jouvray, Lilas Cognet, Bob Denard, le dernier mercenaire, Glénat.

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