Lonesome : le diable est dans les détails

 

                                                   


Par Robert Laplante

Ben coudon, l’Ouest mythique n’est plus ce qu’il était. Exit les bons vieux westerns classiques et tragiques avec ses archétypes, ses stéréotypes, ses héros purs et sans reproche, ses antihéros pleins d’humour et ses méchants mégalomanes, lâches ou cruels. C’est fini tout ça. Le western à maintenant de multiples déclinaisons.

Même le diable et tous les autres croquemitaines sortis de l’enfer et de plus loin encore traînent leurs bottes dans ce bon vieil Ouest poussiéreux. Il y avait déjà eu Daniel Craig qui avait dû lutter contre des extra-terrestres dans Cowboys and Aliens. Il y avait aussi eu Abraham Lincoln qui s’était opposé au complot maléfique d’une bande de vampires qui rêvaient de déclencher une guerre fratricide entre le Nord et le Sud dans Abraham Lincoln tueur de vampires. Il y a maintenant Lonesome, cette gâchette sans nom au passé obscur, qui se retrouve au cœur d’une conspiration, orchestrée par un puissant démon, visant à plonger les États-Unis dans le chaos d’un affrontement civile. Elle est un terrain de jeux fabuleux.


                                               


Je n’ai jamais consulté les deux premiers tomes de cette suite signée Yves Swolfs. Les liens du sang est le premier que je lis. Pourtant j’aurais dû m’intéresser à cette série bien avant ce nouveau tome. J’adore le western et le fantastique et d’autre part, j’apprécie beaucoup le travail de Yves Swolfs. Son Prince de la nuit est une des meilleures bédés au parfum de goules que j’ai lues.

Imaginez, un western fantastique, ça rentre totalement dans mes goûts. Bien sûr Swolfs ne traite pas ici de vampires, mais plutôt de démons et d’ésotérisme. Mais ça, ce n’est pas grave du tout. Même s’il a remplacé l’odeur du sang frais par l’effluve du soufre, je suis toujours aussi enthousiaste.


                                       


Vous pourriez toutefois me dire qu’il arpente des terrains que sa plume et ses pinceaux connaissent par cœur et vous auriez bien raison. Mais pourquoi se priver d’une histoire drôlement bien ficelée. Le bédéiste nous garde en haleine du début à la fin. Parce que oui ça déboule rapidement Lonesome, tant et si bien, que nous avons à peine n’a pas le temps de se reposer, même si je dois reconnaître que j’étais un peu paumé dans les premières pages. Mais ça, c’est parce que je n’avais pas lu les tomes précédents. Ça m’apprendra.

Mais une fois que j’ai trouvé mes repères pour m’y sentir à l’aise, j’ai eu un plaisir fou à lire cette histoire habilement construite qui mêle adroitement le western et le fantastique. Une arabesque subtile qui ne prend pas toute la place et qui ne lui sert pas de sortie de secours pour s’extirper de situations scénaristiques inextricables comme peuvent le faire certains créateurs passés maîtres dans l’art des pirouettes fantastiques pour dénouer des scénarios alambiqués.

C’est possible parce que le créateur maîtrise parfaitement les codes du fantastique comme il connaît sur le bout des doigts ceux du western. Des codes qu’il a su métisser brillamment pour que le réalisme de sa proposition narrative n’en pâtisse pas. Comme si le fantastique n’était qu’un élément parmi tant d’autres pour nourrir sa conspiration d’une inquiétante plausibilité.

Si scénaristiquement Swolfs m’a réjoui, que dire de son trait qui m’a interpellé dès la première case. Avec ses gueules hollywoodiennes héritées des grands westerns, ses plans cinématographiques, son rythme effréné et ses décors qui sentent la sueur et la poussière, il suggère un récit classique certes, mais efficace et franchement enthousiasmant.

Bien que Swolfs ne réinvente rien, quoique la rencontre entre le western et le fantastique ouvre de belles possibilités, son histoire est tellement bien racontée qu’on ne peut que tomber sous son charme. En tout cas moi je l’ai été et je pars de ce pas me procurer les deux premiers tomes en attendant avec impatience le 4opus.

Pourquoi se priver de ce plaisir de fréquenter ce western démoniaque.

Yves Swolfs, Lonesome tome 3 Les liens du sang, Le Lombard

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