Qu’est-ce qu’un soldat ?

 

                                                        


Le métier de mourir

Jean-René Van Der Plaetsen

Pocket

274 p

Pour ce tout petit livre qui a remporté en 2020 le prix Renaudot des lycéens, la critique du magazine Le Point écrivait ceci : «Une histoire de champ de bataille et de chant d’honneur». Ce qui fut tout à vrai. Construit un peu à la manière du Désert des Tartares de Dino Buzatti, ce roman emblématique met en scène Belleface (un nom d’emprunt) stationné au sud du Liban en 1985. Ce personnage énigmatique est un ancien, comme on dit dans le métier. Rescapé des camps de concentration, il est passé par la légion étrangère, a fait l’Indochine (La RC4, Cao-Bang) avant de devenir une légende de l’armée israélienne. Avec pour seul compagnon L' Ecclésiastique, un des livres de sagesse de la Bible, il attend avec les miliciens libanais. C’est un document intriguant sur ces soldats qui ont fait de l’armée ainsi que de la guerre, un mode de vie. En aucune façon sanguinaire, à mille lieues des caricatures hollywoodiennes, Belleface est une «espèce en voie de disparition» qui nous permet de comprendre ce qu’est la fraternité. Journaliste au Figaro et ancien de la FINUL, Jean-René. Van Der Plaetsen puise dans bien des récits, pour dresser un portrait atypique de son personnage. Nous songeons évidemment à : Par le sang versé de Jean Larteguy avec la figure emblématique du commandant Matteï, à ceux que furent des affrontements dans la cuvette de Dien-Bien — Phu ou pendant les accrochages en Algérie dans le djebel. C’est aussi un hommage à tous ces jeunes soldats qui du Mali au Tchad se sont portés volontaires.

Le temps du dialogue.

Au sein de cette communauté soudée, dont Belleface est en quelque sorte le protecteur, Favier, jeune français engagé idéaliste, va établir le dialogue. Engagé pour tenir une promesse à un ami libanais tué lors de combats, il va entretenir une longue conversation avec Belleface, qui va se livrer. Un livre sur l’adhésion, la volonté, les amis disparus et la famille du «  vieux» qui disparut à Treblinka. À aucun moment nostalgique, Le métier de mourir, est un récit touchant sur la carrière de soldat hors de toutes raisons politiques.

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