Hitler est mort, Adolph où as tu caché ton corps?

                                                                        


Par Robert Laplante

Il y a quelques années, en 2016 plus précisément, Historia diffusait : Hitler déclassifié. Une étrange série documentaire de 8 heures consacrées à la quête d’une équipe d’enquêteurs pour retrouver la piste sud-américaine du führer. Ce dernier, après avoir simulé son suicide, se serait enfui en Amérique du Sud à bord d’un sous-marin. À partir des documents déclassifiés, mais caviardés du FBI, qui à la demande d’Hoover avait enquêté sur son présumé suicide, les fins limiers espéraient prouver que le petit caporal était mort, bien après la guerre, quelque part sur le continent sud-américain. Cette série douteuse s’intéressait à un phantasme qui nourrit l’Occident depuis 1945, celui du supposé suicide d’Hitler.

Et comme il n’y avait aucune photo officielle de son cadavre et que les preuves accumulées par les Soviétiques, maîtres dans l’art de la vérité arrangée, n’étaient pas les sources les plus crédibles, la machine à rumeurs s’est rapidement emballée sur son évasion. Il y en avait même une qui l’envoyait au Saguenay, oui, au Saguenay, étape transitoire avant ses pérégrinations latino-américaines.


                               


                                                 

Ces fabuleux phantasmes collectifs, qui font vibrer vibrer une partie de notre cerveau. Vous savez celle où naissent d’incroyables récits qui naviguent toujours dans les eaux brumeuses de l’inquiétante plausibilité et qui titillent malgré nous notre inconscient irrationnel. C’est exactement cette sensibilité qu’aguichent Brisard et Pagliaro avec leur excitante bédé Hitler est mort dont le deuxième tome est sorti il y a quelques semaines.

2 mai 1945, la terrifiante Armée rouge entre dans Berlin. Une fois, la magnifique capitale allemande tombée, Staline charge ses deux meilleures agences de services secrets d’enquêter sur le suicide d’Hitler et de retrouver son cadavre.


                                                             


Le hic c’est que le NKVD et l’occulte Smersh, le service de contre-espionnage soviétique, se détestent ouvertement et est en constante compétition pour s’attirer les faveurs du père des peuples. Commence alors une furieuse poursuite pour trouver et identifier le cadavre du plus grand monstre européen.

Mais le temps presse puisqu’on doit l’identifier avant la conférence de Potsdam. Et quand le temps presse, tous les coups sont permis pour dénigrer son adversaire : manipulation, canular, désinformation, intoxication et même rumeur, comme celle qui transforme Hitler en fille de l’air.

                                                                


Ce serait une lapalissade de dire que j’ai eu un plaisir fou à lire ce deuxième tome d’Hitler est mort, même si j’ai galéré un peu dans les premières pages puisque je n’avais pas lu le tome initial. Ça serait une lapalissade parce qu’il est tellement évident que c’est le type de bd que j’adore.

Tout y est : une énigme historique, une manipulation de faits, une confrontation entre deux organisations terrifiantes, le mystérieux Smersh et l’impitoyable NKVD, ancêtre du KGB, du cruel Beria. Et comme si ce n’était pas assez il y a aussi les mélodies oppressantes, aux allures de celles du Bernard Hermann de Psycho, de la conspiration, le parfum anxiogène de l’inquiétante plausibilité et l’ombre inquiétante de l’imprévisible Staline qui fait peur à tout le monde, surtout aux Soviétiques.

Et puis il y a la narration endiablée de Brisard, qui nous tient en haleine de la première à la dernière page. Métissant adroitement les rebondissements aux notions historiques, un thriller angoissant qui sent bon le Frédérick Forsyth des Dossiers Odessa.


                                     


Admirablement dessinée par Pagliaro , qui avec son trait un peu grotesque insuffle au scénario des allures d’opéra paranoïaque dans un Berlin chaotique, le récit de Brisard est aussi efficace que séduisant. Le genre d’histoire qu’on dévore et qui sème la petite graine du doute nécessaire à ce genre de fabulation. Après tout il est plausible que le NKVD et le Smersh, dans leur lutte pour gagner la confiance d’Iossif Vissarionovitch Djougachvili (Staline), ait orchestré cette indescriptible conspiration sur la disparition d’Hitler.

Que de scénarios fabuleux en perspective!



Brisard, Pagliaro, Hitler est mort tome 2 Mort aux espions, Glénat.

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