Mystères et espionnages
Cauchemars Ex Machina
De Jorge Gonzalez
et
Thierry Smolderen
Dargaud
125p
Tout en gris, l’image donne le ton à cette étrange bande dessinée qui combine à la fois le polar des années 40, l’espionnage et la désillusion en temps de guerre. Comme un puzzle à tiroir, à la manière de John Dickson Carr,
avec un brin de Peter Cheney
et trois louches du maître des angoisses que fut William Irish,
Cauchemars ex-machina est un formidable clin d’œil aux romans policiers à énigmes.
Critique pour les cahiers de la bande dessinée. Thierry Smoldedren enseigne à l’École supérieure de l’image d’Angoulême, d’où l’aspect très cinématographique de cette histoire assez tordue qui s’ouvre avec la mort du protagoniste en 1991. Inconnu au bataillon pour votre chroniqueur, l’auteur argentin Jorge Gonzalez s’est fait remarquer avec : Bandonéon puis, Chère Patagonie.
Pour éclaircir l’assassinat ou la disparition du vieil écrivain de romans à suspense, les auteurs nous plongent en l’année 1938. Autour d’un officier allemand qui organise un concours pour ce type littéraire, un seul sortira du lot : Corneille Richelin. Brillant, il fournira la matière attendue jusqu’à ce que la guerre éclate. Toujours sous la protection de l’officier, il rédigera mais ses énigmes serviront aussi les services secrets britanniques pour un tout autre usage.
Mélangeant habilement le vrai et le faux, à la manière des poupées russes, vous trouverez de chapitre en chapitre un nouvel indice. Entre les méandres de la prose, la guerre qui fait des ravages et ceux ou celles qui souhaitent tirer leur épingle du jeu, cette lecture originale devient vite prenante. Pourvu que vous aimiez les dessins glacials qui évoquent parfois les sombres décors du Nosferatu de Murni.
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