Capitaine Vaudou, Erzulie, le rapparee et les pirates.

                                                                                     


Par Robert Laplante

Holà moussaillon, c’est le temps des grandes vacances.Qu’elles soient à la montagne ou à la mer. Et les vacances avec une bonne bande dessinée, c’est toujours génial. Pour la montagne je n’ai rien à conseiller, mais pour ceux qui ont envie de mer, d’air salé et de promesses d’aventures c’est le moment idéal pour naviguer avec Cormac Mc Coffin, Lime, le capitaine Jean-Baptiste Donatien de Vimeur et le reste de son équipage renégat sur les eaux tourmentées des Caraïbes. Bienvenue dans Capitaine Vaudou, une bande dessinée fort sympathique.

Cormac McCoffin et son frère sont des Irlandais, pour qui le rêve américain est synonyme de cauchemar imposé. Il faut dire que les deux rapparees — ces soldats Irlandais catholiques et partisans du roi déchu Jacques II qui avaient lutté contre les Anglais protestants durant les guerres Williamites entre 1688 et 1691 — ont été condamnés au bagne et vendus comme esclaves. Vous parlez d’un avenir plein de promesses. En route vers la Virginie. le navire qui les transporte fait une escale pour ramasser un chargement d’esclaves en provenance d’Afrique.

                                                     


Mais voilà que nous sommes dans les Caraïbes et il y a toujours quelques pirates, qui prennent en chasse les bateaux. C’est exactement ce qui arrive au vaisseau où sont enchaînés les deux Mc Coffin. Mais une chance pour eux, le capitaine des flibustiers Jean-Baptiste Donatien de Vimeur ne s’intéresse pas aux esclaves.

                                                   


Au contraire, il préfère les libérer et les engager dans son équipage. Un choix beaucoup plus intéressant, que la perspective de crever dans une plantation de Virginie. Pour Corman Mc Coffin, ancien soldat et réceptacle malgré lui d’un loa vaudou, ce choix ne se discute même pas.

                                                             


Hélas, si ce don intéresse Jean-Baptiste Donatien de Vimeur, il intéresse aussi le terrible capitaine Vaudou et son cortège surnaturel. Un pirate tellement démoniaque qu’il ferait même trembler dans ses bottes le tristement célèbre Davy Jones, celui qui à bord de son Hollandais volant à poursuivi Jack Sparrow à travers les 7 mers.

À l’origine de cette BD, nous trouvons un jeu de rôle français. Capitaine Vaudou est maintenant, une amusante bande dessinée pleine d’aventures, de rebondissements et de combats épiques. Le genre qui se lit d’une traite, tellement l’histoire est bien racontée. Elle nous met de bonne humeur tant elle titille notre éducation boucanière, du moins la mienne. Une culture nourrit depuis des décennies par des œuvres civilisationnelles qui ont depuis longtemps imposé leurs règles à la mémoire collective occidentale.

                                       


Il y a quelques semaines je vous parlais de Black Beard de Delitte qui m’avait un peu déçu, et ce, malgré ses grandes qualités graphiques. Ici, ce n’est pas le cas. À vrai dire Pecau a insufflé à son intrigue la folie, la grandiloquence, la bonhomie nonchalante, l’exagération, l’exotisme, la part de mystère et l’esprit que je cherche toujours quand je lis une bande dessinée consacrée à des pirates.

Le scénariste ne réinvente pas le genre. Il connaît les codes. Il les explore avec plaisir et intelligence. Il s’y distrait comme il m’a réjoui. Il m’a même tellement amusé que j’ai déjà hâte de consulter la suite.

Il ne faudrait pas passer sous silence le travail de Darko Perovic. En lui le scénariste a trouvé le parfait complice pour voguer sur les mers incertaines de l’âge d’or de la piraterie. Le dessinateur propose un croquis puissant et rythmé, dynamique et émotif qui sied à merveille à son intrigue.

                                                         


Je n’ai jamais joué à Capitaine Vaudou, je ne suis pas un amateur de jeux de rôle. Pire, je ne connaissais même pas cette franchise avant d’ouvrir la bande dessinée. Mais Pecau et Perovic ont conçu une bande dessinée qui vit par elle-même. On n’a pas besoin de connaître le jeu et d’y avoir joué pour être captivé par les aventures dessinées de Cormac Mc Coffin et des collègues. Et que le grand crique me croque si vous n’avez pas de plaisir à lire ce premier tome du Capitaine Vaudou.





Une belle lecture pour la plage. Mais attention, si vous voyez de majestueux voiliers à l’horizon, il est possible que le plus sombre soit celui du sinistre capitaine Vaudou.

Pecau, Perovic, Capitaine Vaudou. Tome 1 Baron morte lente. Delcourt.

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