Les pionniers : Les 24 images du diable.

 

                                                                  


Par Robert Laplante

J’aime le cinéma! Je l’aime probablement autant que monsieur Christophe, mon inestimable collègue blogueur et ami, qui aime le jazz et le polar. Chaque fois que je me retrouve dans une salle obscure et que le projecteur s’allume, je suis émerveillé devant les images qui s’animent sur l’écran. Une excitation qui n’est sûrement pas loin de celle de ces spectateurs qui assistaient pour la première fois aux projections des frères Lumière. Alors oui j’adore le cinéma.

Et ça tombe bien, parce que Les pionniers, une bédé que j’ai adulée, parle d’art cinématographique. Plus particulièrement de ses fascinants débuts en France. Vous savez quand les frères Lumière, Léon Gaumont, Charles Pathé, Georges Méliès et plusieurs autres se livraient une féroce compétition pour y occuper, à coups d’imagination et d’originalités, la position de tête.

À travers le parcours de Charles Pathé : Guillaume Dorison, Damien Maric et Jean-Baptiste Hostache brosse le portrait d’un milieu en ébullition truffé d’hommes d’affaires créatifs, mais impitoyables, d’ingénieux inventeurs et de fabuleux artistes qui explorent à tâtons les possibilités techniques et narratives de ce nouvel art décrié par l’élite conservatrice, mais plébiscitée par les classes populaires qui affectionnent regarder les petites vues dans les spectacles de forains.

                                                         


Mais Les pionniers ce n’est pas qu’un polaroïd de la naissance du cinéma. C’est aussi une série d’instantanés sur la France de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Une France ambivalente un pied dans la modernité et l’autre dans un passé où tout est à sa place, où tout est immuable. Une France où les découvertes technologiques sont en train de tout chambouler et de tout bouleverser les rapports sociaux. Une France qui sait très bien que rien ne sera plus jamais pareil après la naissance du cinéma et des autres médias de masse. Comme nous l’avons été avec l’arrivée de l’ordinateur maison, de l’Internet et des médias sociaux.

Dorison propose avec l’aide de Maric, conseiller historique et initiateur du projet qui a pris 10 ans à voir le jour, une bande dessinée fabuleuse qui se lit avec délectation au rythme des musiques des nickelodéons. 

                                                   


En se consacrant à la lutte entre Pathé et Gaumont, deux individus aux ego surdimensionnés, les deux scénaristes trouvent le fil conducteur parfait pour garder notre attention tout au long des 146 pages de ce premier tome.

                                                


Il ne leur restait qu’à y inclure, comme l’avaient fait Catel et Bocquet dans leur magnifique Alice Guy, les autres grands défricheurs, comme le magicien Méliès, Alice Guy, Ferdinand Zecca, certains événements mémorables, tel l’incendie du Bazar de la Charité en 1897, et la puissante et inquiétante ombre de Thomas Edison pour rendre leur bédé totalement irrésistible. Ce qu’ils font avec un plaisir évident.

Parce que oui, le plaisir est au rendez-vous. Dans chaque page, dans chaque dialogue, dans chaque personnage, dans chaque anecdote, dans chaque intrigue et dans chaque case dessinée efficacement par Hostache. Il traduit avec justesse l’enthousiasmant feu qui consume tous ces pionniers emportés dans les tourbillons déchaînés d’un 7art où tout est à construire, où tout ce qui se faisait hier et périmé le lendemain.

                                         


Les pionniers est une vibrante lettre d’amour envers cet art révolutionnaire qu’est le cinéma. Un hommage envers ces fous, qu’on a un peu oubliés, qui l’ont défini et sans qui rien ne serait pareil aujourd’hui. Une ode à cet art qui m’a toujours accompagné et qui m’a laissé une empreinte indélébile.

Oui j’aime le cinéma… et la bédé.

Guillaume Dorison, Damien Maric, Jean-Baptiste Hostache, Les pionniers tome 1, la machine du diable, Rue de Sèvres.

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