La cellule fantôme : Et hop une nouvelle apocalypse.

 

                                                           


Par Robert Laplante

Ah le monde post-apocalyptique! C’est même très populaire. Dans l’air du temps. Pour le meilleur ou pour le pire. La cellule fantôme, une bande dessinée d’Olivier Lubrano di Ciccone, elle, se trouve quelque part entre les deux.

2015, Erik Cuervo est un mercenaire dans un milieu craignos qui se déglingue. Bref, il part en vrille. Il qui doit accepter de collaborer avec la Cellule fantôme une mystérieuse organisation clandestine spécialisée dans la récupération des technologies cachées. Le travail du laconique soldat de fortune est clair. Il doit protéger les régénérateurs et éliminer ceux qui voudraient subtiliser ce qu’ils découvrent. Mais quelques fois, les boulots les plus simples peuvent s’avérer les plus difficiles, surtout quand une dangereuse secte d’illuminés religieuse s’en mêle.

Premier opus d’un diptyque, La cellule fantôme est une honnête bande dessinée. Beaucoup trop même. Bien sûr c’est souvent séduisant ces sociétés complètement détruites, presque anarchiques qui tentent tant bien de mal de garder un vernis de normalité. Mais à force de surexploiter cet univers, les bédés finissent par toutes se ressembler.

                                                     

Bon j’en conviens, c’est peut-être moi qui en ai trop lu. Et de moins en moins interloquai par leurs propos. Pourtant je suis bon joueur, et ce décor me fascine toujours autant. Mais, je m’attends à plus.. Je veux être surpris, déstabilisé. Je veux voir mes certitudes de lecteurs être ébranlées par les arguments. Malheureusement j’ai trop souvent l’impression de relire la même bédé.

La cellule fantôme est une honnête BD post-apocalyptique. Mais elle ne casse pas des barreaux de chaise. Pourtant il y a des idées très porteuses dans le scénario, la présence de l’ange, des moines-soldats hospitaliers et de Moloch est des trouvailles intéressantes qui pourraient être des éléments forts de son histoire. Mais sans que je sache pourquoi elles finissent par s’éteindre sans avoir livré les promesses que leurs apparitions fulgurantes avaient laissé présager. Bref je n’ai pas satisfait ma soif d’apocalypse.

                                     


Pourquoi? Peut-être à cause de la narration qui est un peu hésitante. Comme si le bédéiste n’était pas certain de l’histoire qu’il racontait. Tout comme s’il ne maîtrisait pas son univers. Comme s’il avait peur de nous guider à travers les dédales de son cauchemar futuriste.

Pour une raison que lui seul éprouve, il a décidé de ne pas tout nous relater du vécu de Cuervo, préférant y disséminer des éléments, avec plus ou moins de succès, au fil des pages. Avec le résultat qu’on a de la difficulté à saisir sa quête et son besoin de fuir un passé qui l’a beaucoup traumatisé.

                                                   


Il n’y a pas que les motivations et le passé de Cuervo qui sont absents, il y a aussi la société. Il nous manque des notions fondamentales pour comprendre pourquoi l’univers tel que nous le connaissons s’est effondré. Tout comme il nous en manque sur la cellule fantôme. Tout comme il nous en manque sur cette secte démoniaque, ancien ordre de moines guerriers devenus soudainement les disciplines du mal.

J’aurais aimé adorer La cellule fantôme. J’aurais aimé la recommander avec verve et passion. Malheureusement ce n’est pas le cas. Le bédéiste a plein de bons flashs qu’il ne réussit pas à mener à bon port. Peut-être qu’il aurait dû travailler avec un scénariste aguerri qui lui aurait permis de mieux servir un récit qui a un très bon potentiel.

La cellule fantôme est une bédé ni meilleure ni pire qu’une bonne partie de la production du même acabit.

C’est peut-être moi qui en ai marre de ces univers trop typés. C’est peut-être moi qui trouve que la fin du monde ne nous apporte plus rien. Peut-être…

Tiens, je retourne lire les premiers Jeremiah d’Hermann.

Olivier Lubrano di Ciccone, La cellule fantôme volume 1, Clair de lune.

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