Harlem fut son royaume

                                                                       


Harlem

Tome 1

Par Mikaël

Dargaud

64 p

Dire que nous attendions, cette nouveauté relève de l’euphémisme ainsi qu’une entrevue pendant le Salon du livre de Montréal.. Après Giant 

                                                  


et Bootblack

                                                      


deux magnifiques fresques de l’Amérique des années 30/40, Mikaël revisite à sa manière son cycle new-yorkais. Cette fois-ci, point d’ouvriers et d’échafaudages, mais bien le Harlem des années 30 en pleine dépression. Au cœur de ce récent diptyque, la figure de Queenie : Stéphanie Saint-Claire (1897-1969), reine de Harlem, qui contrôlait les jeux de hasard.

                                              


 Avant de considérer cela comme une chronologie ou un «bio-pic» pour être au goût du jour, Mikaël a effectué un travail de fond sur l’univers de la communauté noire, cher au regretté auteur de romans policiers : Chester Himes.

                                             


Madame Stéphanie

Madame Queen ou Queenie pour les associés débarqua de sa Martinique natale pour se tailler une place au soleil du crime. Rivalisant avec le violent Dutch Schultz et certains barons de la bière qui brassaient sans de jeux de mots, des millions grâce à la prohibition, elle fera fortune dans le jeu clandestin. Librement inspirée de la vie de cette dame aux multiples facettes qui, parfois comme Robin des bois, redistribuait une partie de ses profits aux plus démunis, elle laissera une empreinte durable dans ce quartier marqué par la pauvreté ainsi que la brutalité.

                                     


Comme me le mentionnait l’auteur/scénariste en entrevue : «  Le biopic ou la biographie ne m’intéressait pas. Je voulais raconter la vie de ces véritables Afro-Américains qui ont donné vie à Harlem. Comparée à bien des truands, Stéphanie Saint Claire épaulait sa communauté en donnant de l’argent aux soupes populaires ou en aidant les jeunes défavorisés pour leur éducation. Je n’ai pas voulu en faire une sainte puisqu’elle était un rouage important du crime organisé. Dans l’histoire de la maffia, nous constatons que son histoire fut presque ostracisée». Sur des tons feutrés et cultivant l’exactitude du détail (ce premier tome dit de collection vous fera découvrir l’exercice de fond) est un roman policier qui se déguste lentement.

Travail de recherche

Nous constatons que l’exactitude est votre maître-mot : «  Je visite New York une fois par année et comme je ne fais pas de dessins sur le vif, je prends des photos qui servent à bâtir le canevas comme vous pouvez le noter dans cette édition qui comprend un cahier graphique. J’ai même eu la chance d’arpenter l’appartement de Queenie. Tout est travail de sensibilisation et d’histoire avec sa part de romanesque.»

À mille lieues de la «  poupée de luxe» sans cervelle, elle savait s’entourer, dans certains cas, abuser et, trouver, le bon amant tel Ellworth «Bumpy» Johnson qui fut aussi son garde du corps. Loin d’être illettrée, elle paya un journaliste pour qu’il dénonce la corruption, tout en dressant un «  juste portrait» de son activité auprès de la communauté noire. Une femme fatale qui avait détecté le sens de la communication.

Et pour les passionnés, j’ai eu la chance de voir le second tome de Harlem. De toute beauté, évidemment.

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