L’histoire de 5 grands groupes métal québécois : Nous sommes le nord métallique.

 

                                                                      


Par Robert Laplante

Le métal n’a jamais eu bonne presse dans nos médias montréalais. On compte sur les doigts les critiques musicaux qui disent publiquement le jauger. Comme si l’aimer les vouait à un billet express pour la géhenne, là où on relègue toutes les musiques qui ne sont ni branchées ni tendance. Comme si l’aimer allait détruire l’image d’avant-gardiste culturel qu’ils aiment souvent s’accoler eux-mêmes.

Pourtant, tout comme la country francophone, l’industrie québécoise de la musique métal s’est développée en marge de l’officielle. Bon nombre de groupes d’ici ont su s’imposer sur la planète métal grâce à leur originalité, leur virtuosité et leur opiniâtreté. Parce que de l’opiniâtreté, il en faut pour résister à toute l’adversité auquel ils ont dû faire face. Et tout ça sous le regard au pire méprisant au pire indifférent, de ces critiques musicaux montréalais gardiens du bon goût.

                                                         


C’est peut-être pour rendre à César ce qui appartient à César et au Métal québécois ce qui lui appartient, que les éditions Sawin ont publié : L’histoire de 5 grands groupes de Métal. Une intéressante bande dessinée signée Felix B Desfossé, Christian Quesnel, Skullypop. Steph Dumais, Francois Simard et Guillaume Menuel et Siris.

D’emblée je dois vous dire que je suis plutôt insensible aux charmes du métal. Comme je le suis aussi à ceux du punk. Disons que ce n’est pas ma tasse de thé. Pourtant, j’ai énormément apprécié la bande dessinée. Tout comme j’avais apprécié l’incontournable étude historique de Desfossés sur l’évolution du métal québécois.

Je l’ai aimé entre autres parce que j’y ai découvert un univers que je ne connaissais pas, mais que je jugeais ringard. Fat que j’étais de mes prétentieuses certitudes de critique qui s’érige en détenteur du bon goût. Mais voilà, loin de l’image stéréotypée que je m’étais créée l’univers du métal québécois, du moins celui de la bande dessinée, est d’une richesse surprenante. Un univers peuplé de groupes qui sont encore aujourd’hui des références sur la planète métal.

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Avec intelligence, Desfossés propose une relecture séduisante du parcours de Voivod,

                                               



 de Gorguts,

                                                         


 d’Anonymus, 


                                                     


de Despised Icon,

                                                    



 de Forteresse 

                                                


et d’Aut’chose, 


                                                 


    

 un précurseur du mouvement. Avec verve, le journaliste de Rouyn-Noranda nous fait vivre leurs folles aventures à travers les circuits métal, dans des conditions misérables, devant des publics qui n’écoutent ou qui n’apprécient pas toujours pas et pour des promoteurs qui ont des conceptions bien particulières de la «business». Très très loin du glam du grand cirque du rock’n’roll.

Et même si on peut déplorer que les courts chapitres n’embrassent qu’en partie leurs carrières, il reste qu’ils donnent une excellente idée de leurs parcours et de leur influence.

Pour éclairer ses propos, le journaliste-scénariste a pu compter sur 6 dessinateurs de vaste talent, qui métissent avec succès leur style à celui de groupes mis en scène dans la bande dessinée.

Si chaque chapitre trouve son illustrateur parfait, le plus étonnant reste encore celui de Christian Quesnel. Il ne cesse de nous impressionner par son trait poético-gothique, véhicule idéal pour dépeindre toute la complexité du métal noir de Forteresse.

Une mention spéciale à Siris qui, avec son trait incontrôlé, imprévisible, réjouissant, généreux, presque anarchique, se moule parfaitement aux folies de Lucien Francoeur et d’Aut’chose. Des délires aux parfums de la fantaisie des décennies 70 et 80 et de sa faune aussi étrange que flamboyante. La même faune que raconte si bien Richard Suicide dans ses essentielles Chroniques du Centre-Sud.

Je ne sais pas si je vais plus aimer le métal après avoir lu la bande dessinée. Mais ce que je pense par contre c’est que j’ai découvert une richesse que je refusais de voir. Par vanité sans doute. Une grandeur et une importance culturelle historique certaine. Parce que l’histoire de ces groupes, leur triomphe sur les scènes étrangères et leur influence sur ce style musical font partie de nos belles réussites nationales.

Il est peut-être temps qu’on les célèbre. Après tout il n’y a pas que Céline Dion, Arcade Fire et Leonard Cohen, même si je l’adore, qui ont promené notre spécificité par ce vaste monde. Ces groupes ont aussi, à leur façon, amené un bout de nous dans leurs valises.

Une bédé sympathique, à qui il ne manque qu’une sélection musicale, qui vaut le détour. Même pour ceux qui n’aiment pas le métal. Vivement le tome 2.

Felix B Desfossés, Siris, Christian Quesnel, Skullypop. Steph Dumais, Francois Simard et Guillaume Menuel L’histoire de 5 grands groupes de Métal québécois, Sawin.

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