Space Connexion : Y a pas grand chose dans l’ciel à soi

 

                                                       


par Robert Laplante

Je passe mes soirées, enfin disons certaines veillées, à observer le ciel au cas où…

Au cas où les extraterrestres pointeraient le bout de leur nez pour nous envahir. Après tout notre planète, même si elle est sur le point de devenir invivable, regorge encore de ressources qui pourraient les intéresser.

Au cas où les extraterrestres viendraient nous faire une petite visite de courtoisie. Pour le plaisir de nous rencontrer. Sans arrière-pensée. Sans intentions belliqueuses. Nous sommes quand même de commerce agréable et notre réputation d’hospitalité a dépassé depuis longtemps les frontières de la Voie lactée.

El Diablo et Baudy doivent, eux aussi, scruter le ciel. Je les vois très bien deviser sur ce premier contact. Depuis que j’ai lu, Space Connexion, un amusant diptyque BD qui sent bon les anthologies. Comme celles consacrées aux mythiques» pulp» magazines et les vieilles histoires d’EC Comics.

                                                       


                                                

Parce qu’effectivement, il y a un réjouissant parfum des pulp magazine. Et peut-être même un soupçon des fragrances du Mars Attack de Tim Burton. 

                                           


Bref on se divertit ferme à observer ces rencontres déjantées entre la société humaine, pas si hospitalière que ça, et les voyageurs de l’espace qui doivent souvent se demander ce qu’ils sont venus faire dans cette galère.

Avec un plaisir communicatif, El Diablo, quel pseudo, a concocté 7 courtes histoires qui racontent ces premiers contacts qui virent la plupart du temps en méga catastrophe. Parlez-en à ces trafiquants de psychotropes sud-américains qui, devant l’extraordinaire qualité hallucinogène des drogues qui proviennent de l’infini et plus loin encore, décident d’éliminer les extraterrestres pourvoyeurs. Après tout quand la concurrence est trop forte, il faut la tuer dans l’œuf. Même si ça signifie la fin de potentiels riches échanges commerciaux entre nos voisins intersidéraux et nous.

                                                        


Avec son aspect réaliste, légèrement grand-guignolesque — un trait qui m’a fait penser à Philippe Foerster dont je suis totalement admirateur — tout en rythme avec dynamisme, Baudy est le comparse parfait pour illustrer les délirantes machinations d’El Diablo. Des intrigues qui prennent des airs de machines à voyager dans le temps qui m’ont transporté dans mon adolescente, quand je découvrais les nouvelles classiques du fantastique et de la science-fiction, celles publiées dans : J’ai lu ainsi que la collection Marabout.

Tout comme Phillipe Foerster, El Diablo utilise l’humour cynique, grotesque, absurde, presque slapstick, et résolument champ gauche pour raconter une histoire qui sans cette note désopilante pourraient facilement devenir une pathétique tragédie. Celle de ces petits hommes insignifiants sur le point de disparaître. Celle de ces petits hommes pitoyables plus ridicules que ce que pouvaient imaginer les civilisations de zone sans fin.

Si Shakespeare a écrit qu’il y avait quelque chose de pourri au royaume du Danemark avec cette irrésistible anthologie, El Diablo et Baudi pourraient dire, eux, qu’il y a quelque chose de corrompu sur la terre… et c’est peut-être l’être humain.

Bon je retourne scruter les étoiles au cas ou les revendeurs de l’espace viennent me livrer leur fameuse drogue. On ne sait jamais, peut-être, qu’ils ne savent pas encore que leur précédente expédition a été massacrée par des narco trafiquants un peu trop inquiets de la concurrence.

Si ça vous intéresse de jaser, extraterrestre El Diablo sera au salon du livre de Montréal les 23 et 27 novembre dès 15 h. Mais est-ce vraiment lui que vous verrez ou un envahisseur qui a pris sa forme comme dans Invasion of the Body Snatchers? Ça je ne le peux le garantir.

El Diablo, Baudy, Space Connexion 2 tomes Glénat.

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