Noir Burlesque; Faut pas jouer avec Slick

 

                                                           


Par Robert Laplante

S’il y a un auteur dont j’attends toujours avec impatience ses bandes dessinées, c’est bien Marini. Qu’elles soient réussies ou non, ses propositions sont toujours séduisantes et élégantes. Et pour tout cela, Marini ne me déçoit jamais. Ce qui n’est pas souvent le cas pour ses scénarios. Une chance, le deuxième tome de Noir Burlesque fait partie de ses bonnes bédés.

Slick est un malfrat qui rêve de prendre sa retraite. Avec Caprice, une splendide chanteuse rousse dont il est secrètement amoureux. Mais il n’est pas le seul à la désirer. IL y a aussi Rex, le redoutable chef d’une organisation criminelle en conflit avec Don Zizzi, un mafieux notable. Comme il déteste ce chef de clan, Rex est prêt à tout pour provoquer sa chute. Même si cela implique de kidnapper sa fille, de lui voler un portrait de sa mère peint par Picasso, ou mieux encore, faire les deux. Mais Rex ne peut pas s’en prendre ouvertement au parrain. C’est la dure loi du crime.

                                                    


Comme le larron fait l’occasion, Rex réussit à faire pression sur Slick pour que ce dernier vole le fameux Picasso. Mais un larcin dans le domicile d’un mafioso, ça ne se fait pas tout seul. Alors pour l’aider, il s’entoure d’une bande de psychopathes triés sur le volet.

                                                     


Malheureusement, ces derniers ne sont pas là que pour le tableau. Rex considère que Caprice lui appartient. Et comme Rex chéri créer des opportunités, il se dit qu’il pourrait bien faire d’une pierre deux coups : se débarrasser de son rival amoureux et de l’Italien qui lui porte ombrage. Un plan parfait, mais c’est sans compter sur Slick qui ne s’en laisse jamais imposer.

                                                       


Conclusion de l’hommage de Marini au roman noir, cet ultime opus de Noir Burlesque est plutôt réjouissant graphiquement. Bien entendu, c’est une intrigue mille fois revisitée, avec des personnages hyper typés, comme nous en retrouvons tant dans une certaine production cinématographique et chimérique qui vont des années 30 aux années 70. Criminels tirés à quatre épingles, femmes fatales et rebondissements à profusion peuplent les pages de cette histoire, au parfum d’un monde qui n’existe plus, mais qui continue de titiller mon imagination. Et pas juste la mienne.

Des récits de vengeance comme ça, vous avez dû en feuilleter des tonnes. Et vous avez raison. Mais pourquoi se priver du petit plaisir d’en lire bien raconté.

Je dois vous confier que j’avais trouvé le premier tome intéressant, mais sans plus. J’avais l’impression que son scénario était moins travaillé, qu’il était en fait un prétexte pour lui permettre de faire l’étalage de sa virtuosité et de son élégance graphique. Je regrettais que son récit ne soit pas plus fouillé, que ses personnages et son univers ne soient pas plus développés psychologiquement et que son rythme soit trop rapide. J’aurais aimé que cette première partie respire plus.

Une chance que ce ne fut pas le cas, pour ce second tome. L’intrigue me semble beaucoup plus aboutie, ses figures plus fouillés, leurs motivations plus claires et son petit monde plus vivants, moins désincarnés. Grâce entre autres à une galerie de pointures secondaires très Mickey Spillane, qui enrichissent son petit théâtre. Des seconds et des troisièmes couteaux qui ont leur vie propre, et qui ne sont pas que des faire-valoir à un Slick laconique, cynique et désabusé à souhait.

Il y a son merveilleux dessin en noir et blanc tout en mouvement et en musique. Comme son découpage efficace qui met en valeur ses grandes qualités graphiques. Et que dire de ses petites touches de rouge, judicieusement disséminées ici et là qui ajoutent une petite note dramatique à sa tragédie aux relents de la Cosa Nostra. Il n’y manque que le saxo d’Harlem Nocturne 

                                                       


pour rendre son Noir Burlesque encore plus vivant… et encore plus stéréotypé. Mais, pour être franc, je les aime ces stéréotypes. iIs me rendent heureux quand ils sont présents. Il y a des recettes que je ne veux pas qu’on change.

Marini, Noir Burlesque 2 tomes, Dargaud.

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