La reine des Amazones, Le goût réconfortant des lasagnes maternelles.

 

                                                              


Par Robert Laplante

Alix est comme les délicieuses lasagnes de ma défunte mère. Je sais exactement à quoi m’attendre quand je lis une de ses aventures. Il ne va pas bouleverser mes habitudes et mes certitudes de lecture. Oh que non! Et c’est parfait comme ça. Alix est un vieux compère d’école que je ne fréquente qu’une ou deux fois par année. Un ami qui semble ne jamais prendre de rides contrairement à moi et qui me donne toujours l’impression de l’avoir vu la veille, même s’il se passe quelques mois, voire quelques années entre nos rencontres.

Tel le roc de Gibraltar dans une mer dessinée constamment agitée. Quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe de par le vaste monde de la bande dessinée, Alix, lui, ne bouge jamais. Comme ce sentiment d’immuabilité dans ses aventures, de même qu’un coup de jeunesse lui ferait du bien.

Son nouvel opus La reine des Amazones ne fait pas exception à la règle. Ce n’est pas cette aventure macédonienne, où vit une communauté de femmes affranchies de la présence des hommes et dirigée par Delia, redoutable ennemie du gouverneur romain, qui remplacera la tradition.

Ni le scénario de l’excellente Valérie Mangin ni le dessin d’un Chrys Millien respectueux de la tradition graphique «jacquesmartinienne» que changera la donne. Non, Alix reste Alix et pour le reste il y a Alix Senator.

Pourquoi repenser une recette quand elle est gagnante? Depuis que Valérie Mangin a repris les rênes scénaristiques de la série en 2021, on sent une nouvelle vigueur chez le Gaulois. Timide certes, qui le ramène à sa grande époque tout en intégrant des sujets un peu plus actuels, comme la place des femmes dans l’Antiquité et leur désir de contrôler leur destinée dans une société un tantinet conservatrice et patriarcale.

Toutefois notre héros reste ce qu’il fut et la scénariste, tout comme le dessinateur d’ailleurs, ne semble pas avoir trop de marge de manœuvre pour ébranler son environnement. Manifestement, elle ne peut le réinventer totalement comme elle l’a fait pour son Alix Senator.

Nous sentons qu’elle s’amuse quand même. A sa façon, en respectant les codes et les limites du monde de Martin, elle modifie subtilement le héros légendaire sans le dénaturer. Ça reste le même bon vieux Alix que je fréquente avec plaisir depuis toujours.


                                     


Est-ce que c’est un bon Alix? Honnête, intéressant, pas aussi captivant que : L’œil du Minotaure ou Les Helvètes, pas aussi surprenants qu’Alix Senator, mais un bon quand même.

De toute façon, je n’attends pas d’Alix qu’il m’étonne. Plutôt qu’il me réconforte, qu’il soit exactement ce qu'il il a toujours été. Comme les savoureuses lasagnes de ma défunte maman.

V Mangin, C Millien, d’après Jacques Martin, Alix, La reine des Amazones, Casterman.

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