Fric Frac sur les les plateaux

 

                                                                      


Hollywood s’en va en guerre

Par Olivier-Barde -Capuçon

Gallimard

Série noire

407 p

Vous aimez le cinéma d’antan souvent flamboyant, les histoires de privé et la politique américaine. Avec Hollywood s’en va en guerre, le romancier Olivier Barde — Capuçon vient de frapper dans le mille. En filigrane, cette nouveauté issue des chaudrons inventifs de la Série noire est surtout un coup de chapeau à ces immenses maîtres que furent : Dashiell Hammet, Raymond Chandler et James Cain. James Ellroy s’était attaqué de manière assez féroce avec La trilogie du grand nulle part et plus encore : L.A Confidential dont le film fut une réussite complète. 

                                             


Moins âpre, mais tout aussi intéressante, parce qu’il mélange habilement la politique avec les dessous (pas de jeux de mots) des plateaux hollywoodiens, cette embrouille toute cinématographique vous fera découvrir une privée, fait assez rarissime.

Nous sommes en septembre 1941, trois mois avant la tragédie de Pearl Harbor. Avec la loi prêts-bails, l’Amérique de Roosevelt soutient financièrement ainsi qu’en matériel la Grande-Bretagne de Churchill. Tout n’est qu’une question de temps avant que ce pays isolationniste entre en guerre.

La résistance est puissante. America First (Trump n’a rien inventé) formation étrange supportée par Henry Ford, antisémite avoué, ainsi que le pilote Charles Lindbergh, qui parada aux cotés d’Hitler avant-guerre refuse que les «  boys» aillent se faire trucider. Et il ne faudra pas oublier l’Église avec un prêcheur aux mœurs plutôt singulières.

                                              


Le cinéma à la rescousse

Pour étayer ses positions et faire comprendre à la population que la guerre sera inévitable, le gouvernement Roosevelt prépare en sous-main un film qui devrait voir le jour sans les grands de la profession. La vedette pressentie  : Lala (habile mélange de Lana Turner et Rita Hayworth) fait l’objet d’un chantage. Des malfaisants auraient subtilisé des photos compromettantes avec une femme. Pour évier le pire, et, voir sa carrière partir en spirale, elle embauche Vicky Mallone. Une détective portée sur les cocktails fins et les femmes. Une dure a cure pas tout à fait, puisqu’elle a connu son lot de défaites. Un divorce qui a mal tourné et un enfant dont elle veut absolument avoir la garde. Pour résoudre cette énigme plutôt empoisonnée, le mélange star système et politique ne produit jamais de bons résultats, elle sera secondée par un étrange agent Arkel, ancien combattant qui œuvre au sein de l’administration Roosevelt et l’acteur Erroll Flynn!

Roman délicieux autant que cruel, cet hommage a une génération dorée qui sera sans contredit l’une de vos lectures de vacances. Admirablement renseigné, l’auteur nous entraîne aussi dans une Amérique «  constipée» frileuse et presque antitout, en, en proie à bien des des démons qui trouvent hélas des résonances avec la situation politique actuelle.. Comme quoi : «Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme». Et pour une rare fois, l’héroïne est une femme en ces années hollywoodiennes d’une autre époque. Vivement la suite des péripéties de Vicky Mallone qui n’a rien à envier à Sam Spade .

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