Coup d’état , clé en main

 

                                                    

D’or et de jungle

De Jean-Christophe Ruffin

Calmann Lévy

455 p

Reporter à ses heures, journaliste, ambassadeur au Sénégal et membre de l’Académie française depuis 2008, Jean-Christophe Ruffin connaît très bien les rouages du pouvoir. Avec D’or et de jungle, il renoue avec le roman d’aventures mâtiné d’espionnage et de haute finance. Il faut bien s’adapter à la nouvelle donne, soit l’infinie puissance des réseaux sociaux/fureteurs et ceux ou celles qui contrôlent cet environnement outrepassant les frontières juridiques de l’état. Parmi ces nouveaux milliardaires, certains en veulent toujours plus, ou si vous préférez, avoir leur pré carré hors d’atteinte de toutes actions gouvernementales.

Donc comment y parvenir ? Tout simplement en embauchant une équipe qui a fait les 400 coups aux quatre coins de notre planète. L’appât du gain, certes, mais qui sera le vainqueur, surtout quand il est question de créer un coup d’État au sultanat du Brunei, l’un des plus petits pays de notre géosphère qui regorge de richesse. Si l'idée n’est pas neuve en soi, Machiavel en donna les grandes lignes dans Le Prince ou Roger Trinquier avec son manuel de subversion qui a bien profité pendant la guerre en Algérie ainsi que lors de multiples renversements de pouvoir en Amérique du Sud.

Documenté, précis, et loin d’être dans la veine tout feu tout flamme d’un roman de Ian Fleming, nous allons croiser sur notre route Fiona. Championne de plongée, mais qui a bien du mal avec l’autorité, elle se fait souvent renvoyer. À la recherche d’aventures, elle souhaite « marcher sur les traces » de son grand-père, spécialiste des embrouilles et des coups tordus qui a aidé bien de petits dictateurs. Elle va trouver chaussure à son pied ou ses talents par l’entremise de son amant de passage, Ronald Daume. Ancien directeur de l’agence de renseignent pour le compte de la France, il fait maintenant cavalier seul avec un succès certain. Sentant l’odeur du gain, ce séducteur dangereux va donc offrir ses services à ces jeunes argentés qui n’ont aucune connaissance dans les affaires d’une guerre « souterraine ».

Les nouveaux maîtres du monde veulent un lieu à eux, un château fort des temps modernes. Ronald va leur proposer, mais à certaines conditions.

Un roman de politique fiction très réaliste qui décrit assez bien les faiblesses de notre époque, et l’aveuglément des élus pour qui la géopolitique se conçoit unièmement entre états. Tout cela n’est pas très rassurant. Moins puissant que le doublé africain de Jean-Christophe Grangé, Jean-Christophe Ruffin s’en tire avec brio.