Edgar : A Balada do Último Revolucionário

 

                                                        


Par Robert Laplante

Tempus Fugit ! Le 25 avril prochain, nos amis portugais célébreront le 50anniversaire de la Revolução dos Cravos, la fameuse révolution des œillets.


                                  


La révolution des œillets est un « coup d’État » orchestré par l’armée portugaise pour renverser la dictature conservatrice et nationaliste d’Antonio Oliveira Salazar et de son successeur Marcelo Caetano. Une opération militaire qui avait la particularité de vouloir mettre en place un projet démocratique avec gouvernement civil, élections libres, décolonisation, etc. On raconte que la fin du régime autoritaire portugais a ouvert la voie à la démocratisation de l’Europe méridionale puisqu’après sa chute ce sont celles d’Espagne et de Grèce qui tomberont.

                                        


Je connais cette révolution pacifique depuis mes années à Radio Centre-Ville où un collègue portugais réalisait une série d’entrevues radiophoniques avec ses acteurs. C’est grâce à lui que j’ai pu découvrir la richesse de cette « révolution tranquille » qui chamboula complètement le pays de Fernando Pessoa et de Dom Sebastião.

                                 


L’excellent bédéiste Mathieu Sapin en connaît ses aboutissants, et pour cause : son beau-père Edgar est portugais. Il y aurait, selon ses dires, joué un rôle plus qu’important, mais dans l’ombre. Personnage plus grand que nature, original et bougonneux comme seul un baroudeur expérimenté peut l’être, Edgar à la tête parfaite pour devenir un antihéros du 9art, Et ce n’est pas Mathieu Sapin qui va me contester puisqu’il en fait le héros de sa toute nouvelle bédé Edgar. De Lisbonne à Paris dans les pas de mon beau-père révolutionnaire.

Août 2017, au cours d’un repas amical avec son éditeur portugais, Mathieu Sapin propose de faire une bande dessinée sur son beau-père. Çela fait plusieurs années que le bédéiste travaille sur un récit qui se passe au pays du fado.

                               


En discutant avec son éditeur de ses vacances lusitaniennes, Sapin parle entre autres de ce fameux Edgar, marxiste convaincu, en résistance contre le régime de Salazar. Réfugié en France, il devient le protagoniste d’un film de Maurice Failevic, tente de traverser le rideau de fer pour rejoindre l’URSS, participe à mai 68 et retourne finalement dans son Portugal natal pour y jouer un rôle discret, mais essentiel dans les événements qui vont mener au 25 avril 1974. Une vie d’exception, de celles qu’on retrouve dans les œuvre cinématographiques, les romans et les bédés.

Le hic c’est qu’Edgar n’est pas toujours franc. Il trafique souvent la vérité, parle à demi-mot et fait tout pour mélanger son gendre qui peine à départager le vrai du faux. Mais c’est justement cela qui en fait un personnage si attachant. Ça et son air grognon, sa mauvaise fois, sa méfiance et sa légère paranoïa.


                                   


De Lisbonne, à Paris en passant par Londres, Mathieu Sapin avec ou sans Edgar, part à la poursuite des souvenirs d’un irrésistible vieux révolutionnaire haut en couleur, qui malgré sa façade rude et austère est charismatique, authentique et incapable de déposer les armes.

Fabulateur de génie ou véritable héros anonyme de l’histoire, Edgar est un de ces humains qui ensoleillent nos journées et qui rendent la vie plus drôle. Un de ces individus avec qui on a envie de passer plus de temps. J’en connais un et vous en avez certainement plusieurs parmi vos proches.

Et ça, Mathieu Sapin l’a très bien compris et encore mieux illustré.

Mathieu Sapin. Edgar, De Lisbonne à Paris dans les pas de mon beau-père révolutionnaire, Dargaud.

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