L’art de la guerre : L’héritier de Sun Tzu.

 

                                                    


Par Robert Laplante



Qu’ont en commun le réalisateur Christian Duguay, la vedette des films d’action Wesley Snipes et l’inquiétant colonel Olrik ? Vous n’en savez rien du tout. ! La réponse est toute simple : L’Art de la guerre de Sun Tzu et le siège social de l’ONU à New York. Et tout comme dans le film L’Art de la guerre de Christian Duguay mettant en vedette Snipes, l’ONU et les écrits du mythique général de l’Empire du Milieu sont au cœur de la nouvelle enquête de Blake et Mortimer. Une enquête signée Fromental, Bocquet et Floc’h. Oui, oui, le Floc’h de l’excellente Trilogie anglaise et de Blitz, le Floc’h emblème de la ligne claire des années 80 et 90.


                                    


Francis Blake et son ami de toujours Philip Mortimer sont invités à une rencontre internationale sur les enjeux de la paix au siège new-yorkais des Nations Unies. Un sommet d’autant plus important que l’URSS a maintenant sa bombe atomique et que rien n’est simple dans cet univers bipolaire, érigé sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale. Hélas pour nos compagnons, et une chance pour nous, Olrik, le terrible colonel Olrik, et son nouveau maître à penser Sun Tzu y sont aussi. Parce que les questions de la guerre et de la paix ça l’intéresse beaucoup. Surtout, celles sur le conflit, vous l’aurez deviné.

                              


Grand retour sur la planète bédé de Floc’h, qui s’était fait plutôt discret ces dernières décennies, L’Art de la guerre est une très très bonne bédé que j’ai dévorée. Ce qui n’est pas l’avis de tous les lecteurs si on se fie aux réactions un peu excessives sur les réseaux sociaux.

Après le fabuleux 8 heures à Berlin le tandem de scénaristes revient avec une nouvelle proposition captivante qui explore le climat anxiogène des années 50. Une décennie marquée par la guerre froide, la peur d’un troisième différend mondial et la paranoïa nucléaire. Avec leur implacable logique, digne des meilleurs auteurs de thriller politique, le duo échafaude la mécanique opérante d’un complot machiavélique qui pourrait faire basculer la planète entière dans un conflit apocalyptique.

                               


Très à l’aise dans cette période, les auteurs s’y plongent respectueusement sans ne jamais bifurquer vers la parodie ou le pastiche. Avec leurs nuances, leurs retenues et les non-dits, ils mettent en place un angoissant petit théâtre où tout peut dérailler en quelques secondes.

Comme ils l’avaient fait pour leur précédente contribution ; Fromental et Bocquet nous guident efficacement, sans chute de temps ni mot de trop, à travers les dédales d’un nid d’espions où le silence est d’or, les amitiés dangereuses et les trahisons perpétuelles.

Si l’aisance des scénaristes est évidente, il en est de même pour Floc’h. On sent dans chaque case le malin plaisir qu’il prend à se mouler au style « jacobsien » sans pour autant perdre l’essence de son trait. C’est peut-être cette rencontre entre le respect et la transgression qui a autant horripilé les amateurs sur les réseaux sociaux. Comme si on pouvait s’attendre de Floc’h, un Jacobs trop fidèle !

                                   


Avec la simplicité de son trait, sa mise en page aérée, pleine de respirations et ses décors économes, Floc’h propose une élégante relecture où chaque case est un témoignage éclatant de l’esthétisme de la ligne claire des années 80, celle des Ted Benoit, Yves Chaland, Philippe Berthet ou Alain Goffin.

Un scénario passionnant, un dessin irrésistible et des héros mythiques, on ne peut rien demander de mieux.

Floc’h, Fromental, Bocquet d’après les personnages d’Edgar P Jacobs, L’art de la guerre, Blake et Mortimer.

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