Sapiens : Le troisième acte de l’histoire humaine.

 

                                                    


Par Robert Laplante

L’humanité ! Un des mots les plus mystérieux de notre langue. D’où vient-elle ? Où va-t-elle ? Comment s’est-elle développée ? Comment est-elle passé de ces bandes plus ou moins organisées en ces nations, puis empires ? Comment a-t-elle réussi à unifier tous ses membres ? Que voilà des questions existentielles.

C’est justement ces interrogations qu’aborde l’historien Yuval Noal Harari dans son fabuleux Sapiens, une brève histoire de l’humanité. Une de mes lectures les plus inspirantes des dernières années. Le plus merveilleux ; son bouquin a aussi été adapté en bande dessinée par David Vandermeulen et Daniel Casanave. Trois excellents albums BD, dont le troisième volet vient d’arriver dans nos librairies.

Après s’être intéressé à la naissance du genre humain et de la civilisation, ce nouveau Sapiens décortique le processus qui a permis aux divers groupes de terriens d’aplanir leurs différences, de tisser des liens, de mettre fin à l’antagonisme « nous contre eux » et de se redéfinir en tant que membres de la même espèce. Pour bien saisir l’importance et les défis de cette mutation, Harari et ses collègues bédéistes scrutent certaines hypothèses globales qui se targuent d’avoir toutes les réponses.

Invités à une émission télé, les maîtres autoproclamés de l’histoire, Mister Random, l’homme du destin et du hasard, Lady Empire, l’impérialiste politique et guerrier, Captain Dollar, l’économiste qui ne croit qu’au système monétaire et Skyman digne représentant sur terre des religions, doivent à tour de rôle convaincre un jury d’experts (un théologiste-archéologue, une anthropologiste-sociologue, une biologiste-zoologiste et un historien, le professeur Harari lui-même) qu’ils sont les moteurs de l’évolution. Il ne manque que la science qui devrait être au cœur du prochain opus. Enfin je présume.

                                     


J’ai adoré ce troisième tome de Sapiens. 273 pages de pur bonheur. Mais il y a quelque chose de plus dans ce nouvel album. Comme si l’étonnant talent de vulgarisateur et de conteur d’Harari, la richesse de sa recherche et l’intelligence et la finesse de l’adaptation de David Vandermeulen et de David Casanave étaient enfin en parfaite symbiose. Tout comme si les pièces du puzzle étaient toutes à la bonne place.

Avec leur humour décalé, dont d’hilarants anachronismes, leur rythme, leur mise en page dynamique et le trait sympathique et enjoué, les deux bédéistes servent admirablement bien la démonstration de l’historien. Tout est clair et compréhensible.

                                   


Il faut entre autres souligner la brillante utilisation de ce plateau télé, à mi-chemin entre la téléréalité et l’émission d’affaires publiques. Une stratégie efficace qui créer un lien entre le lecteur et le scénario. Tout au long de la lecture, j’ai eu l’impression d’y assister.

Ce choix narratif, porteur, explique sans doute pourquoi je l’ai lu d’une traite. Malgré ses 273 pages touffues, j’étais incapable de quitter Sapiens. Tant pis pour le Superbowl et Taylor Swift il y a des plaisirs qui méritent un sacrifice… et ce troisième tome est un de ces plaisirs dont on ne peut pas se priver.

À propos, est-ce que les Chiefs ont gagné ? Est-ce que Taylor Swift a marqué un touché ? À force d’être hypnotisé par cette quête pour découvrir le marionnettiste suprême, j’en ai fini par oublier celle des deux équipes qui s’affrontaient dans la grande messe du football américain.

On ne peut pas être au four et au moulin en même temps.

Yuval Noah Harari, David Vandermeulen, Daniel Casanave Sapiens une brève histoire de l’humanité troisième partie, Les maître de l’histoire, Albin Michel.

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