Un procès dans l’histoire

 

                                                                

Le procès Pétain

Par Julian Jackson

Seuil

458 p

Depuis tout jeune, je suis les affaires judiciaires qu’elles soient grandes ou petites. Je lisais avec attention les comptes rendus du regretté Jean-Marc Theolleyre, chroniqueur pour le journal Le Monde. De Marie Bernard au dossier Barbie ainsi que celui de l’OAS ou le procès Touvier, ses publications lumineuses étaient une source intarissable d’émerveillements, autant par le style que la profondeur des écrits. S’il n’a pas « couvert » le procès du maréchal devant la haute cour de justice en 1945, de prestigieuses plumes étaient sur les bancs de la presse, tel le romancier/résistant Joseph Kessel, l’écrivain François Mauriac ainsi qu’Albert Camus pour le journal Combat.

                                   

Pourquoi revenir sur ce procès qui ne jugeait pas les crimes de la milice, ni ceux de la rue Lauriston (La Carlingue) ou l’envoi des juifs à Drancy, précisément parce qu’il peut encore servir l’histoire. Détaché d’une certaine sensibilité française, l’historien britannique Julian Jackson, auteur d’une biographie importante sur de Gaulle, nous fait revivre cet instant, en fouillant les archives, levant les contradictions, sans absoudre Pétain et son entourage, bien entendu.

                                          

Tel un roman-feuilleton, nous pénétrons au tribunal et reprendre vie, ce moment dramatique avec en tête le procureur principal Mornet qui n’avait pas abandonné sa toge pendant l’occupation.

De la trahison au sacrifice, il n’y avait qu’un pas à franchir, et Pétain, loin d’être vieillard sénile, lutta bec et ongles.

                                  

Et la lecture en vaut vraiment la peine. Ressuscitez à travers les débats, les plaidoiries, quatre années d’infamie ou les « petits souverains » du régime se dévorèrent entre eux ; Pierre Laval en premier, qui finira au peloton d’exécution.

                                              

L’historien a réalisé un travail titanesque, donnant la parole autant aux journalistes qu’aux avocats de la défense à travers de multiples écrits et consignations du procès.

Ne serait-ce que pour comprendre, comment cette spirale infernale s’est enclenchée et que bien des décennies après, elle continue à susciter des questionnements et malheureusement, des admirateurs d’un gouvernement honni.