Au cœur de la terre : à la recherche du continent perdu

                                                              



par Robert Laplante

Honte à moi!

J'avoue que je n’ai jamais lu d’Edgar Rice Burroughs, même si  je suis un grand amateur des pulps magazines.

J’ai quand même fréquenté plusieurs adaptations en bande dessinée de son Tarzan, quelques œuvres cinématographiques, donc ceux avec Johnny Weissmuller, Lex Barker, Christophe Lambert et la série télé avec Ron Ely. J’ai même vu le déplorable John Carter avec Taylor Kitsch. Mais ses sagas et nouvelles, jamais. Pourtant il y en avait plusieurs dans la bibliothèque de mon quartier, mais ça ne me parlait pas. Je préférais les Bob Morane et surtout les Doc Savage, qui sera aussi personnifié par Ron Ely dans un film mémorable de médiocrité.

Quand j’ai vu que Jean-David Morvan, un maître de la narration « bédéesque », signait une adaptation d’un de ses premiers romans, je n’ai pas hésité une seconde. J’ai donc plongé dans Au cœur de la terre avec le même plaisir que j’avais enfant, quand je revoyais annuellement la version filmée, celle avec James Mason et Pat Boone, du Voyage au cœur de la terre de Jules Verne.

                               


                     

Le récit de l’américain met en scène deux explorateurs qui décident d’explorer le cœur de notre bonne vieille Gaia. Si chez Jules Verne, le professeur Otto Lidenbrock et son neveu Axel vont délibérément au centre de la Terre, on ne peut pas dire que ça soit la même chose pour David Innes et d’Abner Perry, les deux héros de Burroughs. Oh que non !

                              


Ils s’y retrouvent un peu par hasard. Imaginez leur surprise quand ils s’aperçoivent, après être sortis de l’excavateur de minerai expérimental qu’ils testent, qu’ils sont sur un nouveau continent, Pellucidar, situé au centre de la Terre. Manifestement leur machine a été très, trop diront certains, performant, puisqu’il a déchiré la croûte physique et s’est enfoncé dans ses entrailles. Là où la main de l’homme n’a jamais mis le pied… ni le reste du corps d’ailleurs.

                                   


Pire encore, ce luxuriant et mystérieux endroit est peuplé de bêtes féroces et préhistoriques, d’êtres primitifs et de Mahars, sorte de prédateurs reptiliens au sommet de la chaîne alimentaire. Pour nos deux amis, va commencer alors une impitoyable lutte pour survivre dans un monde où ils n’ont aucun repère.

BD au parfum suranné du début du siècle dernier, Au cœur de la terre est une lecture très agréable. Le genre de bande dessinée qui a le goût sucré et réconfortant de la nostalgie de ma jeunesse. Quand enfant, je me délectais de ces films de série B à la Voyage au centre de la Terre et que je les revivais par la suite dans l’obscurité de ma chambre avant de visiter le royaume de Morphée, comme Robert Charlebois dans Fu Man Chu (Chu d’dans.)

Il faut dire que Morvan est particulièrement à l’aise dans cette histoire qui qui roule à tombeau ouvert jusqu’à la dernière page. Des qualités, qu’avait déjà l’écriture de Burroughs qui tablait plus sur l’action que sur le développement psychologique et les mises en contexte logiques. Dès la première case, Morvan nous projette dans un univers où nous sommes aussi éberlués que nos deux héros.

                                     


On peut regretter le manque d’informations sur ce monde et sur son fonctionnement. Comme on peut trouver que tout est trop rapide et que quelques respirations narratives seraient les bienvenues. Mais, il faut avouer que le rythme infernal et brutal de cette promenade au cœur de la terre nous garde sur le qui-vive.

Bien épaulé par le trait nerveux et un peu rude de Rafael Ortiz, qui pourrait quelques fois être plus précis et plus assuré, Morvan insuffle respectueusement un peu de modernité bienvenue dans le style de Burroughs. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, son style teinté de virilité et masculinité, la quasi-absence de femmes et le peu de profondeur psychologique peuvent en déstabiliser plus d’un. Il ne faut quand même pas oublier que le roman a été publié en 1914.

                                       


Soulignons aussi le court et captivant dossier de conclusion signé Patrice Louinet, exégète de Robert E Howard. Ce dernier met en contexte de belle façon l’importance du roman et du romancier dans la culture populaire américaine.

Ouais c’est vrai je n’ai jamais lu du Burroughs, mais soudainement j’ai envie d’en lire. Et peut-être que je vais commencer par l’adaptation cinématographique de 1976, celle avec Vincent Price et Doug McClure. Oui, oui, Doug McClure le Trampass de la série télé Le Virginien et inspiration, avec Troy Donahue, du célèbre Troy McClure des Simpson.

Jean-David Morvan, Rafael Ortiz, d’après l’œuvre d’Edgar Rice Burroughs, Au cœur de la terre, première partie, Glénat.

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