Pol Polaire : La patte d’ours de Carolyne Soucy

 

                                     


Par Robert Laplante

Ouf il a fait chaud cet été. Bon vous, vous n’avez peut-être pas eu chaud, mais moi oui. Pol Polaire lui aussi a eu chaud. Pol Polaire, un Ursus maritime héros d’une sympathique série bd signée Caroline Soucy. Bref, notre ami l’ours dut prendre le chemin de la Californie pour retrouver sa compagne et mère de ses enfants victime d’un enlèvement. Et comme on se l’imagine, le « golden state » n’est pas l’endroit le plus adapté d’un irrésistible balourd gaffeur comme Pol. À l’occasion de la sortie de sa dernière aventure, nous avons rencontré sa créatrice, nouvelle venue dans notre 9art.

Nouvelle venue, nouvelle venue ! Pas tant que ça. Puisque même si Caroline Soucy n’avait pas encore publié de bédés, elle avait été quand même très active dans le monde de l’illustration de roman jeunesse et du jeu vidéo. « J’ai toujours voulu faire de la bande dessinée même si plus jeune je rêvais d’être peintre animalière », lance celle qui a longtemps travaillé pour Sarbakan et Ubisoft, notamment sur Dora l’exploratrice et Assassin Creed. « Quand je suis entrée dans la cinquantaine j’ai décidé que c’était le temps de m’y consacrer « et de mettre en image Coup de chaleur, la toute première apparition de son attachant ours un peu poète, un peu rêveur et résolument maladroit. Une histoire qu’elle portait depuis 15 ans.

                                          


Amusante bande dessinée animalière destinée à la jeunesse au parfum de La Jungle en folie de Mic Delinx et Christian Godard, une série bédé qui comme moi l’a beaucoup marquée, Pol Polaire raconte entre autres les effets de la crise climatique sur les animaux des régions septentrionales. Entre autres parce qu’au fil des albums, elle s’est aperçue qu’une autre préoccupation teintait ses récits. « À l’origine les changements climatiques étaient le cœur de mon histoire, mais tranquillement et inconsciemment la parentalité a pris une place plus importante que prévu. » D’accessoire la relation entre Paul et ses enfants, son amoureuse et l’oncle Bob est devenue un aspect fondamental à l’essence de ses scénarios.

                                  


Si parler avec humour de la crise climatique est un choix audacieux, dans une époque où on mise plus sur une vision plus dramatique pour ne pas dire apocalyptique, que dire de celui d’en parler par le biais d’une bédé animalière. Un genre qui n’a plus tellement la cote en tout cas pas autant que le manga. Pourtant le choix s’est imposé de lui-même. « C’est naturel pour moi de dessiner des animaux. Ils ont toujours été une grande source d’inspiration », raconte celle qui a croqué sur papier pendant plusieurs années les pensionnaires de l’ancien Jardin zoologique de Québec. « Ce que je trouve difficile par contre c’est de dessiner les êtres humains et les éléments de la vie contemporaine. » Et comme le nouvel album se passe en Californie, elle a dû en travailler un coup. « C’était le défi de Mission Maman. Mais maintenant je suis beaucoup plus à l’aise avec ça. »

Toutefois avoir de la facilité à reproduire des animaux ne signifie pas pour autant que ces derniers ne peuvent pas lui donner du fil à retordre. Comme ce fameux taureau du troisième qui lui en a fait baver un peu. « Je comprends ceux qui ont de la difficulté à représenter des animaux. Il n’y a pas une bestiole qui ressemble à un autre. Pour m’aider, je me fais des statues en pâte à modeler. Elles me permettent de les voir dans l’espace et sous tous les angles possibles. »

                                          


Si elle a de la facilité avec les animaux, du moins assez pour ne pas l’inquiéter, ce n’était pas la même histoire pour le style graphique à adopter. Surprenant pour quelqu’un qui a longtemps travaillé et qui le fait encore, mais à la pige, dans le jeu vidéo. « Dans le jeu vidéo, on doit reproduire le style d’un autre. Mais ici c’est moi qui devais prendre toutes les décisions, qui devaient trouver le style parfait pour raconter mon histoire. Je ne pouvais pas me mouler dans le style d’un autre. » De quoi rendre lui donner quelques sueurs froides. Mais pas autant que pour l’écriture du scénario. Un aspect qui la préoccupait un peu plus.

« Je ne suis pas une scénariste naturelle. Trouver les bons mots, les satisfaisants dialogues ce n’est pas la chose la plus facile pour moi » confie-t-elle. Une chance toutefois, elle a pu compter sur son éditeur qui l’a beaucoup servi dans l’art de bien ficeler une narration. « Il m’a beaucoup aidé à resserrer l’histoire et les gags » et à les rendre plus efficaces.

                                           


Sympathique série qui m’a bien amusé. Pol Polaire devrait bientôt connaître son dénouement puisque le 4tome, qu’elle est en train de réaliser, devrait clore cette série « Je pense que j’en ai fait le tour. J’aurais trop peur de me répéter avec d’autres albums. J’ai été chanceuse de pouvoir en faire 4 ».

Les trois tomes de Pol Polaire de Caroline Soucy sont disponibles chez Glénat.

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