La fatigue du vieux lion

 

                                                          


Il ne rêvait plus que de paysages et de lions au bord de mercredi

Gerard de Cortanze

Albin Michel

300 p

Que reste-t-il d’une vie quand nous avons l’impression que le sol se dérobe parfois sous nos pieds et dans notre mémoire ? Avec cette question existentielle, l’écrivain Gérard de Cortanze retrace les derniers moments du géant littéraire/journaliste que fut Ernest Hemingway. Des champs de bataille en 1917 où il fut ambulancier en passant par la guerre d’Espagne,

                                 


 les combats de 1944, 

                                   


l’auteur demeura en osmose avec son époque. Il aimait la grande bleue, la pêche (inoubliable roman que fut Le vieil homme et la mer), 

                                      


sans négliger la moiteur des nuits cubaines.

Après avoir rédigé deux essais sur Hemingway, Gérard de Cortanze clôt en quelque sorte le chapitre. En juin 1960, le Lion est usé. Il doit terminer deux romans, dont L’été dangereux, mais les difficultés s’installent. Pendant qu’il avance dans le livre, malgré le soutien attentif de sa compagne, il réfléchit à son passé et à ses batailles. Entouré de fantômes, dont ceux du front espagnol de décembre 1937 où il fut reporter de guerre, et des agents du FBI (ombre omniprésente qui le pourchasse), il rêve peut-être d’un monde meilleur, mais sans apparences. Dans son Cuba où il boit plus, qu’il faut, s’enfuyant sur son bateau pour une ultime pêche à l’espadon, la révolution cubaine s’est installé. Du régime Batista qu’il exécrait au régime de Castro dont il doute, que d’illusions perdues. Malgré le chagrin, l’écrivain en tire une sublime fiction. Sur l’amour, la création, l’engagement politique, puis ce qui a fait d’Hemingway un prix Nobel. Au fil des volets, nous découvrons la puissance d’un homme de lettres, reporter dans les entrailles qui porta « le fer dans la plaie » selon les mots d’Albert Londres.

Un roman sur le temps qui passe, la domination de la vieillesse et des amis perdus comme des causes. Une occasion en or de relire tout Hemingway, après ce roman pour comprendre ce fut ce grand écrivain (prix Nobel) qui s’enleva la vie à l’âge de 61 ans dans sa maison de l’Idaho.

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