Cuba : l’envers du décor
Worm
Une odyssée américano-cubaine
par Edel Rodriguez
Bayard Graphic
298 p
En signature du vendredi 29 au dimanche 1er décembre
Il sera sans contredit l’un des invités marquants du Salon du livre de Montréal 2024 et pour plusieurs raisons. Si son nom vous est inconnu, certains d’entre vous reconnaîtront les dessins/caricatures qu’il a fait paraître dans le magazine Time où il était directeur artistique et reprise par Der Spiegel, The New Yorker ou Rolling Stones.
Né en 1971 à La Havane, il fait donc partie de la seconde génération qui a connu l’embrigadement castriste, la privation et, pis encore, l’espionnage avec des mouchards à tous les coins de rue. Son regard est celui d’un insouciant. En somme, il vit une existence ordinaire auprès d’un père qui essaye de faire fonctionner sa petite entreprise de photographie, mais qui sera bientôt réprimandé par le régime. Enfant, le petit Edel suivra le parcours du « bon petit cubain », avalant toutes les couleuvres et croyant fermement que le monde extérieur, hormis les Soviétiques, veut la perte de Cuba.
Les années passèrent et le ressentiment se fit sentir de plus en plus. En effet, une partie de sa famille était établie à Miami, et elle avait le droit de visite. Le jeune homme réalisa rapidement qu’il vivait dans la misère, loin du confort américain, avec tout ce que cela pouvait aussi comporter de doutes et d’inquiétudes.
La décision de son père fut prise : il fallait s’exiler, même au prix de l’opprobre de leurs compatriotes, y compris Fidel Castro, qui les traitait de vers (worms). En 1980, lors de l’exode de Mariel, qui comprenait aussi de dangereux criminels, plus de 125 000 Cubains prirent la mer à leurs risques et périls. Mais avant, « « ces déçus du castrisme » devaient passer par des camps d’attente qui ressemblaient beaucoup à des centres d’internement, violence et mépris psychologiques inclus.
C’est une œuvre captivante, un thriller social et politique qui mêle habilement des illustrations saisissantes à un langage parfois cru. Il est certain qu’il connaîtra du succès aux États-Unis, tout comme sa famille, mais l’ombre de Trump plane sur son élection. D’où les dessins.
Pour la liberté et ses menaces, cette bande dessinée est essentielle !
Commentaires
Publier un commentaire