Far Out l’intégrale: Domo Arigato Mister Roboto
Par Robert Laplante
Parmi toutes les bandes dessinées québécoises qui constituent notre corpus, il y en a une que j’aime particulièrement : Far out. Conçue par Olivier Carpentier et Gautier Langevin, Far hors limite est une BD à ce point captivante qu’elle m’a littéralement hypnotisé dès sa sortie. Aujourd’hui encore, elle est toujours aussi bluffant !
J’ai décidé de vous parler de Far Out, qui remonte à la seconde décennie du 21e siècle, parce que la maison d’édition Front Froid vient d’avoir l’excellente idée d’imprimer l’intégralité de l’épopée western surprenante d’un groupe de robots. Avec, en prime, une courte histoire qui complète à merveille cette fabuleuse rencontre entre le western spaghetti et la science-fiction.
Far Out était à l’origine composé de trois albums qui racontaient les relations plutôt orageuses entre une population de robots, coincés sur une planète désertique perdue dans l’immensité du cosmos, et les autochtones locaux, sortes de gros lézards humanoïdes. Le tout sur fond de westerns « leoniens » et de mélodies « morriconiennes. »
Les deux premiers tomes m’avaient profondément captivé en 2014 et en 2015. Malheureusement, je n’avais jamais lu le troisième tome. Cependant, cette nouvelle édition est assurément en passe de devenir mon coup de cœur de cette année. Je dirais même que mon enthousiasme sera encore plus grand cette fois-ci. Pourquoi ? J’ai apprécié pouvoir découvrir l’ensemble de pouvoir d’un coup, sans avoir à attendre chaque nouvelle parution m’a permis de mieux saisir toute l’originalité graphique et narrative d’une proposition qui, dès sa toute première case, avait tout pour me séduire.
Gautier Langevin élabore une trame intelligente, plein de rebondissements, de tension, d’humour désarmant et de sympathiques clins d’œil. Le genre de fable auquel il est impossible de résister. Maîtrisant parfaitement son petit théâtre, le scénariste nous guide, avec brio, dans un western bd où chaque personnage à un rôle à jouer, où aucune action n’est gratuite et où chaque dialogue est essentiel.
Il y a dans son récit un mélange réjouissant de modernité et de tradition. Comme s’il avait voulu rafraîchir respectueusement les codes un peu figés de la bédé d’aventure, de science-fiction et du western pour les amener vers d’autres directions. Un peu comme Sergio Leone l’avait fait pour le western filmé.
La réussite de Far Out c’est aussi grâce au travail d’Olivier Carpentier, qui a su rendre concret et crédible le petit monde inventé par Langevin. Sans l’élément charmant, animé, précis et rythmé qui caractérise ses traits, sans l’atmosphère poussiéreuse, transpirante et oppressante qui émane de ses illustrations, je ne suis pas convaincu que ce sombre ballet mécanique aurait suscité la même réaction chez moi. Le talentueux dessinateur a su mettre parfaitement en image l’univers, complètement fou, qui s’était échappé de l’imagination débordante de Gautier Langevin.
J’ai eu beaucoup de plaisir à renouer avec cette saga interstellaire. Ce plaisir m’a fait réaliser à quel point cette série de bandes dessinées compte parmi mes préférées, quel que soit le genre. Et ne serait-ce que pour cette réminiscence, me replonger dans Far Out en valait la peine.
Olivier Carpentier, Gautier Langevin, Far Out l’intégrale, Front Froid.
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