Familles ennemies

 

                                                   


Chiens des Ozarks

par Eli Cranor

Sonatine

304 p

Le sujet est assez classique, mais il faut croire que les auteurs talentueux trouvent encore le moyen d’y apporter des variations. L’Américain Eli Cranor plante le décor de « Chiens de Ozarks » au cœur de l’Arkansas, dans une petite ville en déclin depuis la fermeture de la centrale électrique. La pauvreté, la rancœur, les désillusions, les familles brisées et les chats errants sont monnaie courante dans l’Amérique de Trump. Les habitants ont des préoccupations bien plus importantes que de se soucier de leur président, qui semble indifférent à leur sort. Leur priorité absolue est de survivre dans un coin reculé, éloigné de tout, mais pas des rêves et des espoirs. La police étant peu présente, le trafic de drogue à grande échelle se poursuit. Il est contrôlé par la famille Ledford. Sans aucun doute, ces individus sont détraqués, comme dans le film « Délivrance », 

                                        


à l’exception du musicien de banjo qui attend le prochain rite.

Malgré son passé au Vietnam et sa propriété d’une casse d’automobiles vénérable, le grand-père Fitzjurl surveille attentivement sa petite-fille de 17 ans, dont il a la garde. Son père est actuellement incarcéré à perpétuité. Il a vécu dans le monde ancien et a été témoin de ses horreurs dans les rizières du Vietnam. Il se méfie des Fitzjurl, une fratrie suprématiste liée à des cartels mexicains, dont Ledford, un skinhead dangereux, est le maître d’œuvre.

L’ingéniosité de l’écrivain se manifeste dans la création d’une galerie de personnages profondément ancrés dans la réalité. Les deux familles, soudées depuis des générations, sont marquées par leur rivalité. Les actions ne sont jamais neutres : elles sont influencées par cette division, ainsi que par les flux financiers qui garantissent une certaine prospérité, mais surtout, le pouvoir d’acheter des juges et des avocats.

Le bain de sang sera inévitable, et le vieil homme, pour sauver sa fille, ira jusqu’au bout. C’est un voyage au bout de l’enfer, un roman noir à la James Lee Burke ou à la James Crumley. C’est captivant.

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