La machine à détruire : La maudite machine faudrait la casser
Par Robert Laplante
Bon, maintenant qu’on a notre banquier premier ministre, on peut enfin améliorer nos conditions de vie. Après tout, il n’y a pas meilleur que des banquiers pour gérer les finances. Eux… et les autres financiers, bien sûr.
Pourtant, malgré leur influence dans les cercles du pouvoir et leur réputation d’experts, les crises financières continuent de se succéder, entraînant des coûts élevés pour les citoyens ordinaires. Bizarre, vous avez dit bizarre ?
Si Hamlet avait remarqué quelque chose de pourri dans son royaume, que pensez-vous qu’il aurait dit en examinant le système bancaire et financier mondial ?
« La maudite machine qui t’a avalé, a’ marche en câline, faudrait la casser » (Pierre Flynn)
On ne saura jamais si le prince du Danemark en serait venu à cette conclusion, mais Aline Fares et Jérémy Van Houtte, lui, n’hésite pas une seconde à le dire. Ce qu’ils démontrent dans La machine à détruire, pourquoi il faut en finir avec la finance une révoltante bédé documentaire sur le système financier et bancaire international.
Ancienne employée de Dexia, une grande banque belge secouée par l’affaire des prêts à risque et sauvée de justesse par les gouvernements belge, français et luxembourgeois, Aline Fares, titulaire d’un diplôme des HEC, a décidé de s’engager dans des organismes communautaires militant pour une justice sociale accrue et un meilleur contrôle des institutions financières. Grâce à son expérience dans les entrailles de la machine, elle est capable de décrire de manière limpide et accessible son fonctionnement.
La bande dessinée captivante « La machine à détruire » est essentielle pour comprendre le fonctionnement interne du système financier et bancaire mondial. Elle est pédagogique et évite le jargon technique des politiciens et des spécialistes de la finance. Elle vulgarise de manière accessible la logique de ce système qui écrase tout sur son passage sans le simplifier.
Grâce à l’excellente illustration de Van Houtte, « La machine à détruire » est une remarquable démonstration du pouvoir d’explication de la bande dessinée. Le duo parvient à clarifier des connaissances essentielles que chaque électeur devrait maîtriser pour prendre des décisions éclairées. Les décisions sont trop souvent laissées entre les mains d’experts patentés, véritables apprentis sorciers, qui sont passés maîtres dans l’art de nous endormir avec leur charabia incompréhensible, truffé de jargonneries qui ne veulent rien dire.
Bien que, en tant que cynique, je puisse critiquer la conclusion idéaliste et rousseauiste de cette bande dessinée — dans laquelle un monde sans système financier ferait de la Terre un paradis et où les humains danseraient en rond dans la joie —, il est indéniable que cette œuvre remarquable devrait figurer dans toute bibliothèque municipale, scolaire ou associative digne de ce nom.
Si tous les pognés, dans leur p’tite misère, se disaient : « Calvaire ! Y est temps d’arrêter, » Ça irait bin mieux. (Pierre Flynn)
Si le système financier nous cause bien des désagréments, que dire des ultras riches, propriétaires, en partie, et bénéficiaires, en totalité, de ce maudit système financier. Eux aussi, ils nous en causent bien des problèmes, à nous et à la planète.
En tout cas, c’est l’opinion du journaliste éminent spécialisé en environnement Hervé Kempf. Grâce à l’aide de Juan Mendez, le créateur du site Reporterre (https://reporterre.net), un nouvel ouvrage documentaire en bande dessinée vient de paraître : Comment les riches ravagent la planète et comment les en empêcher. Ce livre devrait rapidement trouver sa place dans les bibliothèques, les associations et auprès de tous ceux qui s’intéressent au sort de notre planète bleue.
Tirée de son succès de librairie du même nom, traduit en douze langues, la bande dessinée met en lumière les liens de plus en plus étroits entre la crise écologique et la crise sociale, grâce à de nouvelles données alarmantes.
Lors de sa publication en 2007, l’ouvrage brosse un tableau inquiétant de la situation. Vingt ans plus tard, il semblerait que les choses aient empiré au point où des mesures drastiques pourraient être nécessaires, à moins que l’on ne prenne des mesures immédiates.
La bande dessinée, loin de donner des leçons de morale, brosse un portrait réaliste et implacable d’une situation de plus en plus incontrôlable. Un reportage impitoyable dans les coulisses d’une catastrophe annoncée et presque irréversible.
Et, tout comme la Machine à détruire, ce duo incorpore adroitement des informations complexes, sans pour autant ralentir le récit. Tout est à sa place dans cette bande dessinée. Même l’angoisse, l’inquiétude, l’indignation et le désarroi.
Une bande dessinée qui éveille un sentiment d’urgence et d’importance. Lorsqu’un danger menace, il est crucial d’agir rapidement.
J’ai l’goût d’m’en aller que'qu’part. J’voudrais sacrer l’camp. Plus ça va, plus ça devient mort. C’tait plus beau avant. J’aimerais ça être bin chez moi. Sans qu’on m’mange le dos. Laisse-moi donc tranquille à soir. Brailler comme il faut.(Pierre Flynn)
Aline Fares, Jérémy Van Houtte, La machine à détruire, pourquoi il faut en finir avec la finance. Seuil.
Hervé Kempf, Juan Mendez, Comment les riches ravagent la planète et comment les en empêcher. Seuil.
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