Opération Prince Québec: La résistance des fils et des filles nord-américains de François 1er
Par Robert Laplante
Il y a les héros que tout le monde connaît et à qui on doit tout. Ceux dont on se raconte les exploits le soir auprès du feu, histoire de se donner du courage. Puis, il y a les héros inconnus, ceux qui ont accompli des actions extraordinaires, mais qui n’ont jamais reçu la reconnaissance qu’ils méritaient.
Bob Leclerc, Reggie Steambunk, Wallace 666 et Mirka Kovacs en font partie. Le premier a sauvé le Canada français, tandis que les seconds ont protégé l’humanité tout entière. Bienvenue dans l’univers de ceux à qui nous devons notre survie.
Opération Prince Québec.
Le Canada français vit une période difficile au milieu du vingtième siècle. Très mal même. Cependant, c’est un secret bien gardé par les descendants nord-américains du bon roi François 1er, qui sont trop distraits par les promesses alléchantes faites par l’ennemi le plus perfide, les enfants de la perfide Albion et de ses anciens territoires.
Des promesses suaves qui cachent un plan machiavélique : anéantir la nation canadienne-française et faire porter l’odieux aux terribles Asiatiques. Heureusement, grâce à Bob Leclerc et à un réseau de résistants dirigé par une mère supérieure mystérieuse, le plan des Anglais échouera.
Bob Leclerc est de retour dans l’aventure « Opération Prince Québec », une bande dessinée signée Grégoire Bouchard, l’un de nos maîtres incontestés de la neuvième dimension. Cette bande dessinée d’aventure déjantée est remplie d’humour, de sarcasme, de deuxième degré et de clins d’œil, évoquant les glorieuses années de Ray Banana de Ted Benoit et de Freddy Lombard de Gilles Chaland.
Avec verve et aisance, Grégoire Bouchard s’immerge dans une certaine bande dessinée des années 30-40-50. Il n’y tombe jamais dans la parodie facile. Au contraire, on sent chez lui un respect, un amour et une tendresse pour cette bédé d’époque, même s’il n’hésite jamais à la ridiculiser gentiment. C’est un peu comme l’avait fait Alexis Mandeville dans son excellente BD Visions.
Bouchard s’inspire des courts romans d’IXE-13 de Pierre Saurel (alias Pierre Daigneault, alias Père Ovide des Belles Histoires des pays d’en-haut), de Blake et Mortimer et de Buck Danny. Il propose une aventure hilarante et incontrôlable, où chaque image et chaque mot ont une valeur inestimable.
Chacun de ces dialogues, imprégnés d’un humour à la Monty Python, mais aussi du discours messianique et ultramontain des romans de la survie, quand la nation, « serrée de près par les soutanes », croyait un peu trop en sa mission de sauvetage du catholicisme nord-américain, constitue un véritable plaisir pour l’intellect.
Grégoire Bouchard nous présente avec son dessin séduisant et ses personnages aux visages carrés de vieux acteurs hollywoodiens un OVNI excentrique et euphorisant. On y croise le célèbre Migou de Tintin, un émule du professeur Jonathan Septimus de La Marque Jaune, les souvenirs de l’imposant Clint Walker, un des Douze Salopards d’Aldrich, et les frères Lydecker, responsables des effets spéciaux de Perdus dans l’espace et de Voyages au fond des mers, deux séries télévisées des années 1960 qui rappellent l’esprit de la bande dessinée.
Phase finale
Si Bob Leclerc a sauvé le monde, Reggie Steambunk, Wallace 666 et Mirka Kovacs, eux, c’est le monde qu’ils ont sauvé. Oui, monsieur, oui, madame, le monde ! Rien de moins. Enfin, espérons-le.
Vous savez, des Olibrius agressifs venus d’ailleurs, du système de Ganymède, pour être plus précis, se sont introduits en douce sur Terre. Leur but : Polluer la biosphère, condition sine qua non pour nous envahir. Leurs méthodes sont impitoyables : changements climatiques, montée des eaux, conflits armés, épidémies et endoctrinement des masses font partie de leur sinistre arsenal.
Avec l’aide de Wallace 666, un théoricien du complot déjanté, et de Mirka Kovacs, une vampire et reine du « nightlife » branché, Reggie Steambunk, vedette des réseaux sociaux, enquête sur cette conspiration, qui pourrait bien nous faire disparaître du cosmos.
Phase Finale est une bande dessinée hilarante qui est le fruit de la collaboration d’El Diablo, dont j’ai adoré les deux tomes de Space Connexion, et de Baudy. Malheureusement, elle était passée sous mon radar. En effet, il serait plutôt banal que ces extraterrestres, qui ont su esquiver les agences de surveillance les plus redoutables au monde, aient échoué à m’abattre, un individu ordinaire. Il ne faut pas se leurrer, je ne possède pas l’acuité visuelle de Wallace 666.
Grâce à sa narration drôle, inventive et percutante, à l’instar des bandes dessinées de Philippe Foerster, et à ses illustrations dynamiques, Phase finale constitue une lecture réjouissante. De celle qu’on lit le matin et qui nous met de bonne humeur toute la journée. Un rayon de soleil dans un quotidien trop tranquille.
Grégoire Bouchard, Opération Prince Québec, Moelle Graphik
El Diablo, Baudy, Phase finale, tome 1 Desmodus Sapiens, Le Lombard.
Commentaires
Publier un commentaire