La mémoire des pères et des enfants
Les étoiles filantes
Tommy Orange
Albin Michel
420 p
Originaire de la tribu des Cheyennes, le jeune auteur américain Tommy Orange, dont l’écriture est tout simplement bouleversante, récidive. Après Ici n’est plus (Albin Michel) traduit dans une trentaine de langues et finaliste du prix Pulitzer, il a reçu Le Pen/Hemingway ainsi que l’American Book Award, ce qui n’est pas rien. L’agité du bocal orange veut effacer toutes les traces d’un passé qui fait encore (et à juste titre) resurgir de douloureux souvenirs pour les peuples autochtones ou les Premières Nations. Je ne sais plus comment les nommer avec « la novlangue », donc ; Les étoiles errantes valent mieux que mille discours frelatés.
En 420 pages, le lecteur plonge dans un siècle tumultueux d’histoire, remontant jusqu’à l’année 1864 dans l’État du Colorado. Star, jeune cheyenne, miraculé du massacre de Sand Creek est envoyé en prison. Il sera contraint d’apprendre l’anglais et de se convertir au christianisme sous la supervision de Richard H. Pratt (1840-1924). Ce personnage sinistre, brigadier général de son état, considérait les Amérindiens comme des êtres inférieurs, dépourvus de toute conscience et d’âme.
Des décennies plus tard, son fils, Charles, subira le même sort que son père. En effet, il sera incarcéré à Fort Marion en Floride (tiens, tiens, l’histoire encore) et sera violemment maltraité par le geôlier de son père. Après avoir lu cela, je n’ai pu m’empêcher de faire le lien avec Colson Withehead et sa prison pour enfants afro-américains en Floride, ou encore avec les écrits de James Lee Burke sur les Séminoles, l’esclavage, la guerre de Sécession et le triste destin des Louisianais.
Ce roman historique, remarquable, vous offrira une expérience intense et captivante. Le jeune auteur combine poésie, traumatisme et devoir de mémoire dans une époque contemporaine en plein bouleversement.
Époustouflant, il fait partie des incontournables de cette rentrée littéraire.
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