Guerres et Dragons, la menace céleste.

 

                                                       


Par Robert Laplante

Imaginez si les nazis avaient eu des Wunderdrachen, une escouade aérienne formée de dragons pour appuyer ses Messerschmitts, Heinkel 111, Junkers Ju 88 et ses Dornier Do 17 lors de leurs raids sur Londres. Les résultats de bataille de l’Angleterre auraient sûrement été différents.

C’est le point de départ du premier tome de la série Guerres et Dragons une réjouissante uchronie dessinée signée Jarry et Vax.

1940 : Ça va mal pour l’Angleterre et pour le monde libre. Le premier ministre Winston Churchill rejette définitivement toute idée de paix avec Hitler. En furie, le caporal bohémien, comme aimait le surnommer le vieux maréchal Von Hindenburg, lance toutes ses forces aériennes, dont ses dragons, sur la capitale anglaise qui ne peut miser que sur les braves de son Royal Air Force. Le Goliath nazi qui affronte le David anglais. Mais contrairement à son homonyme biblique, il y a peu de chance qu’il terrasse avec sa fronde, l’armada teutonique.

                                  


Mais c’est sans compter sur Alexandra, une jeune adolescente qui par le plus grand des hasards est capable de communiquer avec un dragon. Pas un cerbère allemand, mais anglais. Un des rares, qui avaient échappé, à la loi britannique anti-dragons de 1923. Cette année-là, un d’entre eux, colérique et désespéré, avait cramé Londres. Depuis, ils avaient été chassés des îles britanniques. Un bannissement qui n’inquiétait pas le 10 Downing Street, puisqu’en 1923 Hitler semblait bien inoffensif.

Captivante bande dessinée : La bataille de Londres est une belle lecture d’été, pleine de rebondissements, de coups de théâtre, de moments épiques et d’expressions viriles aux parfums des films et des bds de guerre d’avant les années 80.

                                      


Si le très classique scénario de Jarry ne renouvelle pas le genre, il reste que ce dernier sait raconter une histoire et capter notre attention. Jarry suggère un récit cinématographique, rythmé, sans temps morts, qui tient bien la route. Efficace en diable, la bd de Jarry nous donne exactement ce qu’on veut avoir.

                                     


Si la proposition de Jarry fonctionne aussi bien, c’est grâce au trait puissant et héroïque de Vax qui transcrit avec virtuosité cet univers fait de virilité, de violence, d’angoisse, de mort, de peur, de fatalisme, de désespoir et de résilience. Sous sa plume, l’épopée d’Alexandra et de son dragon prend une dimension spectaculaire, grandiose, de celle dans lesquelles baignent les plus grandes légendes.

                                    



Une belle surprise rafraîchissante dans cet été chaud.

Puisque nous parlions de dragons, Il y eut ceux qui fendaient les eaux et qui terrorisaient les colonies anglaises d’Amérique. Celles du XVIIIe siècle. Ces fameux pirates.

Une dragonne fut éprise de liberté : Ann Bonny. Cette femme combattante de l’île d’Émeraude, n’hésitait pas à briser les conventions sociales, refusant de se plier à l’autorité, puis qui écumant les mers avec son compagnon Jack Rackham, le tristement célèbre Calico Jack.

                                       


On connaît peu Ann Bonny. Ce que nous en pensons provient des quelques lignes que lui a consacrées Daniel Defoe dans son histoire générale des plus fameux pirates. L’auteur de Robinson Crusoé n’est pas la source la plus fiable. Il aimait, paraît-il enjoliver ses récits pour les rendre plus vivants. Quitte à inventer des personnages qui sont maintenant entrés dans le panthéon des immortels du brigandage. Est-ce le cas d’Ann Bonny ? Personne ne le sait.

Franck Bonnet a décidé, lui, de raconter l’histoire Ann Bonny. Une légende peut-être véridique, peut-être imaginaire, mais assurément assez crédible pour qu’on y croit.

Janvier 1718, Nassau, Île de New Providence, une séduisante Rousse, Anne Cormack, débarque d’un majestueux navire provenant de Charles Towne en Caroline anglaise. La jeune femme est la fille d’un procureur de Charles Towne et propriétaire d’une riche plantation. De quoi attirer tous les rapaces de l’île.

                                   


Ann ne s’en laisse pas imposer, même par les pires soudards de l’île. Ce qui ne l’empêche pas d’accepter une proposition de mariage de raison et d’affaires avec James Bonny, pirate plus ou moins ambitieux qui espère ainsi hériter de la plantation de son beau-père. Ce qui serait génial si Ann n’y avait pas mis le feu.

Devant l’impossibilité d’assurer son avenir grâce à son mariage, James Bonny se tourne vers le terrible gouverneur des Bahamas ; Woodes Rogers. Celui même qui s’est donné comme mission de mettre fin à la piraterie. En échange de sa protection et d’une substantielle somme d’argent, James Bonny s’engage à convaincre les pirates de l’île à rejoindre une milice que le gouverneur veut appliquer pour mettre fin à la piraterie. Un plan qui ne plait pas du tout à Ann Bonny

Sympathique bande dessinée, Ann Bonny se laisse lire avec beaucoup de plaisir. Le bédéiste propose une histoire classique avec tout ce qu’il faut d’intrigues, de rebondissements et de mystères. Avec son dessin efficace, mais peut-être un peu trop classique, il met en place un séduisant petit théâtre plausible où se côtoie les personnages mythiques, hauts en couleur épris de liberté, plus grands que nature et prêts à tout pour ne jamais rentrer dans le rang imposé par la société.

Une vraie bédé de pirates quoi !

Jarry, Vax, Powell, Guerres et Dragons, tome 1 La bataille de l’Angleterre, Soleil.

Franck Bonnet, Ann Bonny livre 1 La louve des Caraïbes, Glénat

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